2018 M01 30
Diversification. En 2007, Starbucks s’est déjà bâti une solide réputation à travers le monde avec ses cafés bien trop chers pour être honnêtes, ses serveurs qui appellent leurs clients par leur prénom (et l’orthographient généralement mal sur leur commande), sa connexion Wi-Fi (utile, à l’époque) et cette faculté à croire qu’un bon latte macchiato peut changer le monde.
Pourtant les fondateurs de cette chaîne multinationale, créée en 1971, voyaient plus loin. Et n’ont jamais manqué une occasion d’aller fricoter avec l’industrie musicale : d’abord avec des concept-stores éphémères au sein desquels les clients pouvaient graver leurs propres CD à partir d’une bibliothèque spéciale Starbucks et puis, en 2007 donc, avec le lancement de Starbucks Entertainment.
Casting de luxe. Il y avait pourtant de sacrés arguments à faire valoir : la sortie d’un album de Ray Charles, le come-back de Joni Mitchell avec « Shine », son plus grand succès depuis « Hejira » en 1976, la signature de SIA pour « Some People Have Real Problems », et de multiples compilations curatées par Sonic Youth, Beck, Fiona Apple et Vampire Weekend, où réalisateurs et musiciens étaient invités à sélectionner leur morceau préféré du groupe mis en avant. C’est ainsi que l’on se retrouvera avec une compilation Sonic Youth, entièrement composée de titres choisis par Chloë Sevigny, Radiohead et Gus Van Sant. Ouais, quand même.
Note salée. En 2018, force est pourtant de constater que Starbucks Entertainment n’est pas devenu un concurrent sérieux à Universal. Dès 2008, le label est même tué dans l’œuf, faute de ventes (un article de Dazed précise que Starbucks ne vendait que deux CD’s par jour…) et de cohérence : à l’heure où l’industrie du disque s’effondrait et où les sites de streaming commençaient à émerger un peu partout sur la toile, il paraissait en effet presque suicidaire de se lancer dans un tel projet avec des albums médiocres produits pour accompagner la dégustation d’un café.
Lui aussi sous le feu des critiques désormais. Et notamment celles de Neil Young qui, en 2014, s’enflammait suite à l’annonce du partenariat Starbucks-Monsanto. Comme quoi, la multinationale n’a pas fini de se faire des ennemis dans le secteur musical.