Avec son label, Disiz veut casser les codes du rap français

En une année, Sublime a déjà réussi à s’imposer comme une « référence puissante », entre des projets exigeants et ouverts aux états d’âme (Rounhaa, Luther), une émission sur Apple Radio et des soirées qui ne demandent qu’à mélanger les genres. La prochaine a lieu à la Gaîté Lyrique, ce mercredi 17 mai, et promet un retour à l’essentiel : « Pas de guesslist, pas de dresscode. L’artistique au centre ».
  • Parmi les nombreuses histoires tumultueuses qui jalonnent l'histoire du rap français, il y a celle que le genre mène avec l'industrie. Plus précisément encore, avec les maisons de disques. Trop de sous-labels rapidement tués dans l'œuf par les majors (Squatt de Lionel D et Dee Nasty) à une époque où le hip-hop n’était encore qu’un projet embryonnaire, trop de projets rapidement écroulés malgré un statut de précurseur (Labelle Noir), trop de structures incapables de rendre riches leurs artistes en dépit de réels succès populaires. « Tous les mecs du Secteur Ä devraient être millionnaires », rappe Dinos sur AMG Performance, façon d'avouer que les principaux concernés ont souvent vu leur talent être exploités par un marché de la musique qui a longtemps préféré les requins aux banlieusards en requins (on schématise, bien sûr !).

    Depuis quelques années, toutefois, le rap est devenu si puissant, si indépendant (en témoigne l'organisation des Flammes) et si fourmillant que l'on voit chaque mois des projets être publiés par les artistes sur leur propre structure. Damso a TheVie, Laylow a Digitalmundo, Lala &ce a &ce Reckless, Vald a Echelon Music, etc. Avec, à chaque fois, la même envie de mettre en avant d'autres sons, d'autres propositions, de ne plus rien sacrifier, ni leur musique, ni leur image.

    Sans grande surprise, Sublime, la structure montée par Disiz en 2022 poursuit la même ambition. Et s'en donne les moyens : depuis quelques mois, le label sa propre émission sur Apple Radio (dont un échange avec Michel Gondry), tandis qu'une soirée sold out en moins de deux minutes est prévue ce mercredi 17 mai à la Gaîté Lyrique aux côtés du DJ sanderscore, du producteur amne, de l’inclassable snorunt et d'un des grands noms de la production rap actuelle : l'omniprésent abel31 (Realo, Winnterzuko, H JeuneCrack).

    Au line-up de cette soirée, on retrouve aussi LUCASV, potentiellement le véritable chef-d'orchestre de Sublime, structure qui assure à ses artistes d'être propriétaires de leurs masters au bout de sept ans et dont il est l'une des trois signatures. À 24 ans, le Français, passé par Los Angeles et Londres, la house et le rock, SCH et Prinzly, a notamment composé, réalisé et mixé le dernier album de Disiz, « L’amour », celui qui a remis le rappeur au centre de l'attention, celui qui lui a donné une certaine légitimité auprès d'un public pop, celui qui contient de nombreux tubes, salués de toute part, de Rencontre (en feat. avec Damso) à l'émouvant Casino.

    Au sein des références de LUCASV, on trouve aussi Luther et Rounhaa, les deux autres signatures de Sublime : deux artistes « en développement » comme on dit chez les maisons de disques, pas encore identifiés du grand public, mais clairement soutenus par une masse de fans passionnés, certains d'avoir trouvé là (dans les exercices de style et les confessions du premier, dans la mélancolie et les mélodies joueurs du second) l'avenir possible du rap français. Sans pour autant s'y limiter : beats électroniques, hip-hop nerveux, nappes planantes, production minimaliste, éclats (hyper)pop, tout y passe dans « GARÇON » et « MÖBIUS », ces projets qui, à l'image de Sublime, encouragent les pas de côté. 

    Une bonne nouvelle, donc, mais surtout une promesse : en attendant l'annonce d'autres signatures et d'autres dates, le label de Disiz se révèle d'ores et déjà être « un foyer créatif, une bannière, qui part d’une envie commune de mettre l’artistique et les artistes au centre ».