Que retenir de la première édition des Flammes, la cérémonie qui célèbre le rap ?

Traditionnellement boudé par les Victoires de la musique, le rap français était sur son 31 au théâtre du Châtelet hier pour la première édition des Flammes. On fait le bilan, calmement.
  • C'était l'événement rap français de la semaine. Peut-être même celui de l'année. C'est en tout cas l'ambition, ce que l'on a ressenti sur Twitter ou ailleurs, où les professionnels du milieu évoquaient hier leurs favoris, dévoilaient leur tenue de gala, débattaient sur la pertinence des titres de certaines catégories - « Nouvelle pop », sérieusement ? Si Les Flammes font tant parler, c'est parce que la cérémonie semble s'imposer comme une nécessité : offrir une fidèle vision du rap français et des genres qui gravitent autour (R&B, musiques afro et caribéennes), dans un souci évident de diversité et de représentativité. Mission réussie ? 

    Depuis le Théâtre du Châtelet, ou en direct de la chaîne YouTube de Booska-P (co-organisateur de l'événement avec Yard), cette première édition séduit bien évidemment par la pluralité des voix auxquelles elle donne la parole. Quel plaisir, en effet, de voir Le Rat Luciano (Fonky Family) être salué par tout le milieu, d'observer la réussite de Tiakola (trois récompenses) ou de constater l'impact du dernier album de Dinos (« Un hiver à Paris », certifié « Album rap de l'année »).

    Quel plaisir aussi de faire face à des prestations lives généralement abouties (la scène étant encore l'un des gros points faibles du rap français ), partagées entre des instants émotions (Cra$h de Prince Waly et Enchantée Julia) et des medleys maîtrisés (Gazo & Tiakola), des performances en demi-teintes (le show impressionnant de Shay, hélas terni par son playback) et des moments d’histoire (93 Hardcore de Mac Tyer).

    On ne peut malgré tout s'empêcher de penser que Les Flammes cherche beaucoup trop à copier ses modèles. Contrairement à ce qu'affirmaient les organisateurs, qui disaient vouloir secouer les Victoires, force est de constater que l'évènement respecte tous les codes d'une cérémonie : des blagues qui tombent à plat, un tapis rouge, des lives entre chaque récompense, des catégories où se disputent trois artistes, une salle qui se vide à l'approche de minuit, un Jack Lang venir faire coucou, etc.

    Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose, mais tout de même : une diffusion sur YouTube ne permettait-elle pas d'envisager d'autres déroulements, d'autres initiatives, d'autres idées de mises en scène ? 

    Il y a évidemment eu quelques belles surprises (l’inédit La Rue, joué par Gazo et Damso, désormais disponible en ligne), mais ce n'est pas sur ce plan que Les Flammes signale sa singularité. « Derrière tout grand rappeur, il y a un homme blanc qui prend du cash et ça c’est bon à savoir », lâche d’emblée l'humoriste Fary, selon un mauvais esprit, certes prévisible, qu'il aurait peut-être été judicieux de prolonger tout au long d’une soirée parfois ronflante (l'attitude du Motif, cherchant en vain à arranguer la foule lors du live de Shay en atteste).

    Normal, c’était une première. Des défauts, il y en avait, et il y en aura sans doute encore à l’avenir. L’important, finalement, c’est que la cérémonie des Flammes ait pu avoir lieu, qu’une cérémonie ait pu célébrer la beauté des « musiques populaires » dans toute leur diversité (des labels indépendants aux compositeurs), qu’elle ait pu se dérouler dans un endroit aussi prestigieux, et qu’elle puisse se terminer dans un élan rassembleur via le discours de Dinos. À entendre comme un rappel, comme un besoin de retourner à l’essentiel : « Toute l'industrie est là, j'aimerais qu'on soit plus unis, c'est le moment, c'est notre heure, c'est notre culture, faisons des freestyles à 15 comme à l'ancienne, arrêtons les embrouilles, arrêtons les histoires d'egos. »

    Le palmarès complet :

    Compositeur de l’année : Tarik Azzouz

    Featuring de l’année : Rencontre, de Disiz & Damso

    Révélation féminine de l’année : Ronisia

    Révélation masculine de l’année : Werenoi

    Flamme éternelle : Le Rat Luciano

    Meilleure performance rap : Djamel de Dosseh

    Album nouvelle pop de l’année : "Mélo" de Tiakola

    Meilleure stratégie de lancement de l'année : Bigflo et Oli pour "Les autres c'est nous"

    Label indépendant de l'année : SPKTAQLR

    Label de l'année : Epic Records

    Pochette d'album de l'année : "M. A. N. (Black Roses & lost Feelings)"

    Concert de l'année : Laylow à l'Accor Arena

    Morceau caribéen ou d’inspiration caribéenne de l’année : Laptop, de Kalash feat. Maureen

    Morceau RnB de l’année : Atasanté, Tiakola ft. Hamza

    Morceau afro ou d’inspiration afro de l’année : Soza, Tiakola.

    Flamme exceptionnelle : Fally Ipupa

    Morceau de l'année : Intro, de Josman

    Album rap de l'année : "Hiver à Paris", de Dinos

    Artiste masculin de l'année : Gazo

    Artiste féminine de l'année : Aya Nakamura

    Flamme Spotify de l'Album de l'année : Gazo

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