2017 M03 28
Breaking news. C’est donc officiel : souvent raillés pour leur transparence sur scène, les bassistes seraient en fait le maillon fort de n’importe quel groupe. C’est du moins l’avis d’une bande de scientifiques et de son étude publiée par le Proceedings of the National Academy of Sciences. Pourquoi ? Comment ? Tout simplement parce que les basses fréquences seraient mieux perceptibles par l’homme, traditionnellement plus apte à décoder une rythmique si elle est jouée dans une tonalité plus grave.
Ça a de quoi surprendre, mais ça prouve surtout que le bassiste est loin d’être le nerd du groupe, celui qui ne sert qu’à accompagner les mélodies et révise ses gammes en regardant ses comparses flirter avec les groupies.
L’histoire de la musique réserve d’ailleurs son lot incroyable de bassistes qui, bien que largement sous-estimés, semblent avoir été touchés par la grâce. En voici un petit échantillon.
James Jamerson. La carrière de ce musicien de studio illustre à merveille à quel point l’on peut passer sa vie à travailler avec les plus grands sans jamais bénéficier de leur lumière, ni de leur compte en banque. Ainsi, James Jamerson a beau avoir posé sa basse sur la plupart des classiques sixties de la Motown, et donc collaboré avec les Supremes (You Can’t Hurry Love), les Temptations (My Girl) ou Marvin Gaye (Ain’t No Mountain High Enough), son immense apport semble ignoré de tous. Et pourtant, si c’était lui l’inventeur du fameux son Motown ?
John Deacon. Si Paul McCartney et Sting ont réussi à s’éloigner du destin traditionnellement réservé aux bassistes, ce n’est pas le cas de tout le monde : John Deacon, par exemple, semble encore aujourd’hui coincé dans l’ombre de Freddie Mercury et de Brian May, quand bien même il a composé Another One Bites The Dust et développé un jeu de basse complexe, sur lequel les morceaux de Queen reposent amplement.
Colin Greenwood. On a tellement l’habitude de réduire Radiohead à Thom Yorke, Phil Selway et Nigel Godrich, producteur attitré des Anglais, que l’on en oublierait presque l’apport de Colin Greenwood. Certes, on est loin de l’extravagance prônée par d’autres, mais il suffit d’écouter 15 Step ou Airbag pour comprendre que Radiohead n’aurait probablement pas cette profondeur de son sans la basse de ce bon vieux Colin. Hasard ou non, c’est également lui qui est à l’origine de la création du groupe aux côtés de Thom Yorke.
Jenny Lee. Lorsqu’ils parlent de Warpaint, les médias semblent systématiquement sous le charme de ces quatre demoiselles jouant une cold-wave à la fois aérienne et romantique, oubliant bien souvent de rappeler à quel point elles sont avant tout des musiciennes de talent. Il y a bien sûr Stella Mozgawa à la batterie, mais il y a aussi Jenny Lee à la basse, dont le jeu tout en rondeur et en délicatesse s’est vu sublimer sur son premier album solo. C’était en 2015, ça s’appelait « Right On ! » et ça ridiculisait tous les incultes qui pensent à tort que la basse est obligatoirement réservée au ringard d‘un groupe.
Nick O’Malley. Le destin de Nick O’Malley aurait pu être tout autre si Andy Nicholson n’avait pas quitté les Arctic Monkeys en 2006, peu après la sortie du premier EP « Who The Fuck Are Arctic Monkeys ? ». Mais il faut croire que le bassiste de Sheffield est né sous une bonne étoile : appelé à la rescousse, il apprend tout le premier album en à peine deux jours, intègre officiellement le groupe et impose sa basse sur des singles aussi universels que Fluorescent Adolescent – pas sa performance la plus complexe, mais de loin la plus efficace.