Pourquoi certaines chansons sont universelles ? Des chercheurs d'Harvard ont trouvé

  • On pioche deux personnes au hasard dans le monde : un pauvre Écossais se tape 10 secondes de Jul, pendant qu’un Mexicain tombe sur une comptine nippone. Sans connaître les artistes, les deux ont simultanément envie de siffler la mélodie. Pourquoi ? Comment ? Une étude donne un début de réponse.

    Human after all. Au départ, Manvir Singh et Sam Mehr, de la mythique école d’Harvard, voulaient savoir pourquoi certains morceaux semblaient immédiatement reconnaissables, et ce quelles que soient les origines sociales, culturelles ou ethniques. Après plusieurs années passées à constituer une base de données regroupant 118 chansons venues de tous les pays, ils ont réussi à créer une vaste mappemonde culturelle nommée « Natural History of Song ». Toutes les bandes ont ensuite été classées selon quatre catégories : chanson de danse, de guérison, d’amour ou berceuse, puis 36 extraits ont été diffusés à un panel de 750 personnes anglophones provenant de 60 pays.

    « Nous avons découvert que les gens du monde entier ont une conception similaire de ce à quoi devrait ressembler un morceau qui fait danser ou une berceuse. »

    Drogue auditive. Le constat dressé par Sam Mehr peut s’expliquer par deux théories. Selon la première, l’esprit humain aurait évolué de manière à ce que l’adulte soit en mesure de chanter et le bébé d’écouter. L’humain serait donc prédisposé à reconnaître les vertus apaisantes de la berceuse et à les employer pour calmer le nourrisson. L’autre explique que l’esprit humain aurait développé des habiletés cognitives qui dépassent de loin la simple musique qu’on écoute. Comme avec la drogue, il réagirait aux stimuli auditifs en ne retenant que les aspects les plus plaisants. D’où la conclusion principale de l’étude : même si leurs origines musicales diffèrent probablement beaucoup, les auditeurs du monde entier possèdent un langage commun et génétique qui les rassemble autour des mêmes morceaux.

    Un langage universel. Si cette enquête ne propose encore qu’un début de réponse, elle apporte néanmoins un éclairage sur la perception musicale de par le monde et son importance culturelle. Un phénomène qu’étoffe Damian Blasi, chercheur en musique à l’Institut Max Planck en Allemagne, et pour qui les humains du monde entier ont probablement trouvé des façons similaires de s’exprimer à travers la musique. Par exemple, utiliser un grand nombre de chanteurs et d’instruments, ou un tempo plus rapide, pourrait être un moyen de vanter les compétences de sa communauté. Allez dire ça au type qui tombe sur du Jul.

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