Selon une étude, l’industrie musicale n'aurait jamais été aussi sexiste

  • Selon une étude américaine, les inégalités de genre s’intensifient au sein de l’industrie musicale ces dernières années. À croire que la femme n'aurait rien d'autre à proposer que des qualités d'interprétation et un physique à mettre en avant...

    Le boom des inégalités. La prolifération des prises de parole, des mouvements de soutien (#balancetonporc, #metoo) ou des discours de plus en plus revendicatifs de célébrités telles que Beyoncé ou Pink (lors des derniers Grammy Awards) pourrait laisser penser que les femmes sont plus entendues que jamais au sein de l’entertainment. C’est sans doute un peu vrai, mais ça ne change en aucun cas le fond du problème. Car, oui, en 2018, les inégalités entre hommes et femmes ne cessent de s’accentuer au sein de l’industrie musicale.

    À la marge. Cette information, on ne la sort pas de nulle part. Elle résulte d’une étude menée par le think tank de The Annenberg Inclusion Initiative, rattaché à l’université de Californie du Sud, qui vise à démontrer que l’écart n’a jamais été aussi conséquent entre les hommes et les femmes. Pour cela, ils ont passé au crible plus de 600 morceaux sortis entre 2012 et 2017 afin de connaître le sexe des artistes à l’origine de ces différents titres. Résultat : parmi les 100 chansons les plus populaires de 2016, moins de 17 % sont interprétées par des artistes féminines – contre 28,1 % en 2016 et 25,1 % en 2015.

    « Parmi les 100 chansons les plus populaires de 2016, moins de 17 % sont interprétées par des artistes féminines. »

    Les chiffres parlent. Pire encore du côté des paroliers et des producteurs (et donc des parolières et productrices) : parmi les 600 succès de ces six dernières années, seuls 12,3 % ont été écrits par des femmes. Du côté de la production, les stats ne dépassent pas le stade des 2%… « Les voix de femmes manquent dans la musique populaire, s’inquiète Stacy L. Smith, professeure et fondatrice de The Annenberg Inclusion. C’est encore un autre exemple de ce qu’on voit dans l’écosystème du divertissement : les femmes sont poussées à la marge ou exclues des processus créatifs. »

    Stéréotypes de genre. Il existe heureusement quelques signes encourageants (l’omniprésence dans les charts de Rihanna, Taylor Swift ou Nicki Minaj avec des tubes majoritairement composés auprès d’autres femmes, par exemple), mais les faits sont là : que ce soit aux Grammy Awards, où une femme n’a pas été nommée dans la catégorie « Producteur de l’année » depuis six ans, ou aux Victoires de la musique, où hommes et femmes sont toujours soigneusement dissociés au moment de récompenser les artistes de l’année, tout tend à prouver que la musique est « comme beaucoup d’autres formes culturelles » et reflète « une perspective majoritairement masculine ».

    C’est en tout cas l’argument avancé par Stacy L. Smith, qui conclut : « Élargir la place et l’influence des femmes dans tous les domaines de l’industrie culturelle est impératif pour donner aux femmes une voix équitable dans la sphère publique. »

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