Le rap thérapeutique (et horrifique) des $uicideboy$

  • Apparu dans les eighties, l’horrorcore, rap underground mêlant dépression et sonorités tirées de films d’horreur, a été popularisé en son temps par des artistes comme Three 6 Mafia et Gravediggaz. Aujourd’hui, les $uicideboy$ ont repris le flambeau. Avec succès.

    Rois de l’horreur. Originaires de la Nouvelle Orléans, les bien nommés $uicideboy$ sont à ce jour les maîtres à penser du crédo malfaisant et horrifique véhiculé par l’horrorcore. Avec un certain talent : $lick et Ruby Da Cherry, les membres du sulfureux duo, n’hésitent pas à se livrer sans filtre dans des diatribes mélancoliques, comme dans le morceau Kill Yourself part III, que Ruby Da Cherry entame par « They figure me a dead motherfucker, but I’m just a motherfucker that want to be dead » (« Ils me prennent pour un enfoiré mort mais je suis juste un enfoiré qui voudrait l’être »).

    Bâtards sensibles. Toutefois, l’idée n’est pas d’inciter à un quelconque acte fatal. Loin de là. Interviewé par XXL, le duo confiait au contraire vouloir « faire savoir à tous ces gens qui se sont un jour sentis rejetés ou dépressifs, sujets à des problèmes mentaux ou des addictions que… Vous n’êtes pas seuls. » Et aujourd’hui, cette communauté se compte en millions d’aficionados, omniprésents et soudés lorsqu’il s’agit de mener la pensée des $uicideboy$ vers le haut.

    Tout n’est pas si fragile. Le duo ne s’arrête pas aux méandres. Outre leurs morceaux moroses, les deux rappeurs excellent dans le registre du hardcore. Leur morceau phare, Paris, d’une violence assumée, explore l’autre facette de l’horrorcore : la terreur. Et ce n’est pas pour déplaire à leur public, qui illustre couramment les accès de violence du duo par des images tirées d’animes, allant de Naruto à Tokyo Ghoul. Lucratif à souhait, le groupe a déjà sorti 15 mixtapes en… deux ans. À XXL, $lick en disait plus sur ce processus créatif : « La raison pour laquelle Ruby et moi faisons autant de musique est simple : c’est notre putain de thérapie. La meilleure que j’ai eu à ce jour ». Grand bien leur fasse.

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