2022 M03 13
C’est devenu une habitude pour les plus jeunes artistes : en 2022, les genres n’existent plus. Cette nouvelle génération a définitivement fait fi de cette notion, qui finalement bridait leur création plus qu’autre chose. Concernant Dora Jarkowski au civil, raccourci en Dora Jar pour la scène, cette idée se vérifie sans surprise. À l’écoute de son premier EP, « Digital Meadow » sorti en mai 2021, il est évident de dire que cette jeune femme née à New York et ayant grandi à Los Angeles a choisi de ne pas choisir.
Même s’il est court, ce disque est un melting pot d’influences. Il oscille entre des beats hip-hop sombres, des balades à guitares acoustiques et autres élans pop — facile à aimer mais difficile à cerner. Dans une récente interview accordée au magazine britannique Dazed & Confused, Dora Jar évoquait les artistes qui l’avaient façonnée en tant que musicienne : « Les Beatles font partie de mon ADN. Les Foo Fighters sont aussi très importants, car ce sont les premiers que j’ai vu en concert […]. Et puis, “ATLiens” de OutKast a été le premier CD que j’ai acheté de ma vie. »
Fille d’une mère actrice à Broadway, elle quitte la Big Apple à l’âge de 4 ans pour filer en Californie. Sa famille rejoint la côte ouest des États-Unis pour offrir à sa grande sœur Lueza — atteinte d’une paralysie cérébrale la rendant incapable de parler et marcher — un meilleur cadre de vie. Le destin s’acharne et en 2011, son aînée dont elle était très proche décède subitement. Elle décide de retraverser le pays pour intégrer une nouvelle école. Pas très assidue, Dora passe le plus clair de son temps à jouer de la guitare dans sa chambre et noircir ses cahiers.
Comme on peut le lire sur une biographie, pour surmonter cette épreuve, la jeune fille a recours à des « champignons magiques ». Sa consommation nourrit une imagination et une création artistique qu’elle définit comme un « kaléidoscope ». Toujours à composer et écrire ses propres morceaux pendant le lycée, elle décide de ne pas aller à l’université et de retrouver son demi-frère en Pologne. Là-bas, elle alimente son compte Instagram avec ses chansons jusqu’à se faire repérer par un producteur londonien. Dora le rejoint, et reste un an en Angleterre à développer sa musique.
En 2021, lorsqu’elle sort son premier EP « Digital Meadow », les grands noms de la musique tombent les uns après les autres sous son charme, à l’image de Grimes, d’Elton John – qui a partagé son morceau Scab Song pendant son émission de radio – ou Billie Eilish. Selon un article de NME, la pop star et son frère Finneas se seraient même faufilés dans une salle de concert où se produisait Dora. Conquise par sa proposition artistique, elle l’invite à ouvrir la première étape de sa tournée mondiale « Happier Than Ever ». Mais le destin frappe encore : le jour du spectacle, Dora est testée positive au Covid et doit tout annuler.
Le fin mot de cette histoire, c’est que malgré tout, une bonne étoile veille sur Dora Jar. Lors d’un ultime rebondissement, la chanteuse est rappelée par le management de son homologue superstar. Il lui propose de se produire en première partie de deux de ses dates, les 18 et 19 février. Et devinez quoi ? Ces shows doivent se dérouler à New York, dans un Madison Square Garden plein à craquer. Ce retour sur sa terre est un succès.
Dans la foulée, timing parfait oblige, Dora Jar sort son deuxième EP. Le 4 mars, elle a donc partagé « Comfortably In Pain », un cinq titres empli de foi et toujours sans loi. Comme pour exorciser les temps sombres qu’elle venait de surmonter, la première chanson, It’s Random, s’intéresse à l’absurdité de la vie quotidienne pendant la pandémie et à l’absence de but. Un deuxième aspect qu’elle balaye d’un habile pied de nez, car désormais, sa destinée semble toute tracée.
Crédit photo : YouTube « Dora Jar - Multiply (Official Video) »