2016 M11 4
D’un naturel plutôt geek, ALB a toujours aimé surprendre ses fans. Déjà sur « Come out ! Its Beautiful » (2014), il imaginait une pochette qui se découvrait à la lumière du soleil. Deux ans plus tard, il revient plus meilleur, plus fort, plus vite avec un single chanté en duo avec un moteur à synthèse vocale nommé DAISY. Et comme c’est une première mondiale, on a voulu comprendre.
Tu reviens avec Endless together, un duo avec DAISY. Qui est-elle ?
Depuis le succès de mon album précédent, on n’a pas arrêté de me demander si j’allais faire des featuring avec des artistes connus. Mais je n’ai pas changé de méthode de travail, je reste un autiste qui compose dans sa cave. Pour faire plaisir à tout le monde, j’en ai fait un… Mais avec un robot, DAISY, un moteur de synthèse vocale. Ça correspond à ma façon de travailler, une trajectoire un peu similaire à celle du héros de Her de Spike Jonze.
« Dans 30 ans on pourra faire chanter Johnny Hallyday alors qu’il ne sera plus parmi nous. »
D’où est venue cette idée d’un duo avec ce robot, qu’on n’a jamais entendue ailleurs ?
J’ai d’abord tenté d’écrire un duo avec ma propre voix traitée au vocoder, mais ça ne fonctionnait pas. Stéphane « Alf » Briat (ingénieur du son pour toute la French Touch, d’Air à De Crecy) m’a parlé de ce logiciel qui venait tout juste de sortir. En bon geek, j’ai plongé de suite même si je préfère la manipulation de machines à la gestion de plugs-in sur ordinateur.
Concrètement, comment fais-tu chanter DAISY ?
Daisy n’est pas une intelligence artificielle, c’est un synthétiseur vocal. J’écris le texte, je suis maître de tout, des syllabes, des sons, que je transforme ensuite pour qu’ils collent à ma mélodie. Le plus gros du travail, c’était de rendre sa voix robotique sexy.
Avec l’arrivée prochaine de l’intelligence artificielle dans la musique, peut-on imaginer une disparition future des chanteurs ?
Oui, certainement. Je suis passionné par le transhumanisme et la notion d’humain augmenté. Dans 30 ans, on pourra faire chanter Johnny Hallyday alors qu’il ne sera plus parmi nous. On saura aussi générer des chansons « à la » Johnny Hallyday chantées par un plug-in. Ce sera plus simple pour les maisons de disques, avec moins d’artistes à gérer.