50% des musiciens prêts à cacher l’utilisation de l’IA dans leur musique, selon une étude

Une enquête, menée par le réseau de studios « Pirate » sur 1141 artistes en Angleterre, aux États-Unis et en Allemagne, révèle que 52% des professionnels du secteur (musiciens, producteurs, songwriters, etc.) cacheraient l’utilisation de l’IA aux auditeurs s’ils étaient amenés à manier ses nouveaux outils pour créer de la musique. Preuve qu'il y a encore un tabou à briser.
  • L’IA, tout le monde en parle, mais très peu y connaissent réellement quelque chose. Le sujet est vaste et complexe. Il peut mener à de vives discussions entre ceux qui voient les intelligences artificielles comme des outils fantastiques pour l’avenir et ceux plus circonspects à l’idée de laisser des algorithmes dicter nos vies. Dans la musique, les IA sont déjà présentes depuis longtemps. Par exemple le Sony CSL — le laboratoire de sciences informatiques du groupe Sony — a été créé en 1996 à Paris et la mission du département musique est de voir comment les IA peuvent être des outils à la création musicale.

    Bref, les intelligences artificielles sont partout, et donc aussi près de vos artistes préférés. Mais est-ce que les musiciens sont prêts à faire preuve de transparence sur leur utilisation ? C'est là que ça se complique. 

    Dans une nouvelle enquête publiée le 1 novembre 2023 par le réseau de studios Pirate, on apprend que 52% des personnes interrogées (musiciens, producteurs, songwriters, rappeurs, etc.) cacheraient l’utilisation des IA aux auditeurs s’ils les utilisaient pour créer. Certes, cela veut dire que 48% seraient transparents sur l’utilisation de ces nouveaux outils. Mais le chiffre montre bien qu’il y a encore un tabou sur le sujet, et qu’il y a encore de nombreuses personnes au sein de l’industrie musicale qui ont une mauvaise perception des IA.

    « Naturellement, les artistes hésitent à adopter l’IA en studio, et hésitent également à diffuser leur utilisation de cette nouvelle technologie controversée. Il est utile de revenir sur l'introduction d'outils comme l'Auto-Tune, qui ont fait l'objet de critiques à leurs débuts, mais qui ont finalement trouvé leur place dans l'industrie musicale. Le parcours de l’IA pour devenir un outil standard dans la création musicale pourrait suivre un chemin similaire à mesure que les artistes et le public s’adaptent à cette innovation », explique David Borrie, le président de Pirate. 

    L’enquête de Pirate donne d’autres chiffres sur l’IA dans la musique. On apprend par exemple que 25% des individus interrogés ont déjà manié des outils d’intelligence artificielle pour composer de la musique. Ces logiciels peuvent aider lors de plusieurs étapes, que ce soit pour composer des mélodies, pour trouver les bons arrangements, pour écrire les paroles, pour le mix, pour les voix, etc… On pense par exemple à Drumnet, un logiciel qui génère automatiquement des lignes de batteries personnalisées en fonction d’une mélodie ou encore à Flow Machines, un outil d’aide à la création musicale. Selon Pirate, 55 % des artistes « acquièrent activement de nouvelles compétences en réponse aux progrès continus de l’IA ». 

    Dans sa conclusion, Pirate écrit :

    « Dans l’ensemble, l’enquête a révélé un mélange d’enthousiasme, de peur et de défis entourant l’IA dans la musique. La « curiosité » est apparue comme le principal facteur de motivation des musiciens qui ont adopté l'IA, suivie par la « créativité améliorée » et « l'efficacité ». Pour ceux qui restent incertains, la « perte d'authenticité » était la préoccupation la plus courante, souvent liée à la perception du public. »

    Alors, à quand l'inscription sur les jaquettes d'albums de stickers attestant qu'aucun robot ni IA n'a été utilisé pour la musique présente à l'intérieur ?

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