2023 M09 29
Puisqu’ils ne parlent pas, qu’ils n’existent officiellement plus et qu’ils se sont exprimés principalement par le biais de leur musique, les Daft sont parfois difficiles à cerner. Mais les 10 ans de leur dernier album solo, le chef-d’œuvre « Random Access Memories », ont permis de rallumer les robots et de retrouver une certaine excitation, surtout à l’annonce de morceaux inédits — par exemple Infinity Repeating avec Casablancas, et qui méritait d’être entendu par des millions de personnes.
Les rééditions ou les anniversaires sont parfois des occasions de reformation. Pas pour les Daft. Alors pour continuer d’alimenter le marché avec des « nouveautés » et des « exclusivités », un choix a donc été pris : ressortir le même disque qu’en 2013 mais sans les parties jouées à la batterie, soit disant pour mieux connecter avec le groove et la vibe de l’album. Une nouvelle qui, au-delà de ne sûrement pas faire plaisir aux batteurs qui ont participé à l'enregistrement (comme Quinn, Omar Hakim ou John Robinson), n’a pas l’air de ravir les fans. Ni de susciter un enthousiasme général. La réédition est prévue pour le 17 novembre et un premier morceau, Within, est déjà dispo.
Sur Instagram, des internautes sont déconcertés. « Le titre Contact, ça ne sera que des bruits blancs du coup ? » ; « J’ai hâte d’écouter la version sans les synthés » ; « Bientôt la version sans gluten ». D’autres en veulent au label de se faire de l’argent avec une réédition qui dénature le disque et qui semble à première vue peu pertinente tandis que de nombreux fans s’interrogent sur les raisons de cette « drumless edition ».
La batterie joue un rôle primordial dans la musique : elle établit le rythme et permet de créer une sensation de pulsation et de groove. Elle fournit également un cadre autour duquel les autres instruments peuvent interagir et tisser des mélodies, des harmonies ou des textures. En résumé, les motifs rythmiques et la dynamique de la batterie façonnent l'énergie d'une chanson. Et sur « RAM », c’est justement le switch de l’électronique à une batterie jouée live qui était intéressant et qui aura amené cet aspect organique et foncièrement « humain » aux compositions et à l’album. À quoi ressemblera ce disque sans elle ? C’est sûrement une question que vous ne vous posiez pas jusqu’à hier.