On a classé les albums de Daft Punk, du pire au meilleur

Deux ans après leur séparation et une décennie après la sortie de "Random Access Memories", leur dernier album dont on vient de fêter le dixième anniversaire, on dispose désormais du recul nécessaire pour porter un regard global sur la discographie de Daft Punk. Alors, quels sont les albums du duo français qui ont le mieux vieilli ? Réponse avec un classement parfaitement incontestable, comme toujours.
  • 4. "Human After All" (2005)

    Trop facile. Le troisième album de Daft Punk est largement considéré comme le moins bon du duo, et ce jugement est assez mérité. Après avoir atteint les sommets de la musique pop sur "Discovery", les Daft tombent de très haut en se prenant pour des rockstars.

    Objectivement, c'est ce qu'ils sont, mais ils ne créent malheureusement pas grand-chose d'intéressant sur cet album dominé par des guitares froides, brutales et surtout répétitives jusqu'à la nausée – même pour les standards de Daft Punk, ce qu'illustre à la perfection le bien nommé Robot Rock.

    Selon Thomas Bangalter, "Human After All" a été enregistré en dix jours, et cela s'entend. Pour la première fois, Daft Punk semble ne pas savoir où aller, laissant ses robots errer et danser dans une sorte d'univers dystopique certes visionnaire, mais qui ne fait que ressasser des thèmes et des motifs musicaux (Technologic, Television Rules the Nation…) déjà infiniment mieux explorés sur ses deux premiers albums.

    Finalement, le principal mérite de "Human After All" est d'avoir donné corps à son titre en rappelant que comme tout le monde, les Daft Punk peuvent se planter car après tout, ils sont humains. Et c'est peut-être ce qui rend cet album très imparfait si attachant pour beaucoup de personnes.

    3. "Random Access Memories" (2013)

    C'est ici que les choses se compliquent pour établir ce classement. "Random Access Memories" est un album majeur, sûrement l'un des plus importants de la décennie 2010. Enregistré dans le plus grand secret pendant des années et des années avec un luxe incomparable de moyens et de collaborateurs prestigieux, c'est un projet colossal dont le résultat a pris tout le monde à contrepied.

    À rebours du passé du duo, "Random Access Memories" célèbre la chaleur des instruments analogiques et d'une production à l'ancienne, rivalisant parfois avec les meilleures heures des années 1970.

    On y trouve certains des meilleurs morceaux de Daft Punk, des featuring tous plus mémorables les uns que les autres : Giorgio by Moroder et son intro parlée devenue un mème, Instant Crush, banger redoutable chanté par Julian Casablancas, Doin' It Right avec Panda Bear et surtout Touch, le magnum opus épique de l'album où la voix fragile de Paul Williams cède la place à une coda crépusculaire chantée par une chorale d'enfants qui célèbrent le pouvoir de l'amour.

    C'est magnifique, et on n'a même pas encore mentionné l'efficacité de Get Lucky, le single qui a rappelé que Nile Rodgers n'avait pas son pareil pour créer un tube intemporel. Mais alors si "Random Access Memories" est si réussi, pourquoi n'est-il que troisième ici ?

    Peut-être parce que contrairement à l'album qui le devance dans ce classement, il regarde davantage vers le passé que l'avenir. C'est une perspective artistique réconfortante pour beaucoup – dont nous faisons partie – mais que d'autres jugent à raison un peu trop conservatrice.

    2. "Homework" (1997)

    Difficile de trouver plus éloigné de "Random Access Memories" que le premier album du duo. En 1997, les Daft Punk ne sont pas encore des robots, mais ils défoncent la porte de l'electro avec "Homework", un album de house absolument pas peaufiné comme les enregistrements suivants du duo. Pensés comme s'ils voulaient concurrencer l'âge d'or de Chicago ou du Studio 54, les morceaux sonnent comme des invitations à se déchaîner en club (Revolution 909, Alive…).

    On y entend la fougue et parfois la brutalité (Rollin' & Scratchin') de la jeunesse que Daft Punk ne retrouvera forcément jamais par la suite. Et bien sûr, on y retrouve aussi déjà deux singles monumentaux : l'imparable Around the World et sa ligne de basse, aussi irrésistible que le riff distordu de Da Funk, un morceau qui reste sans doute encore à ce jour le plus fort de la carrière de Daft Punk.

    Bien sûr, "Homework" reste un album perfectible, mais chargé à bloc en promesses et en énergie, il est trop important pour ne pas lui réserver une place de choix ici. Avec lui, les Daft Punk ont commencé à conquérir les clubs de la planète, et ils ont surtout changé à jamais le destin de la French touch (coucou Justice et Ed Banger) ainsi que de la musique populaire en général, tout en rendant hommage aux pionniers afro-américains alors oubliés de la musique électronique, le tout à même pas 25 ans.

    Pas mal pour un premier devoir fait à la maison, non ?

    1. "Discovery" (2001)

    Aucune discussion possible : s'il ne fallait en garder qu'un, ce serait évidemment lui. Après avoir inventé la musique du futur avec son premier album, Daft Punk crée tout simplement la bande-son d'une génération avec "Discovery", un classique absolu où le duo ressuscite le disco et le mélange avec tout et n'importe quoi – de multiples genres musicaux et des samples par dizaines – pour composer une pop unique au monde, à la fois incroyablement populaire mais néanmoins très référencée.

    On compte les tubes planétaires à la pelle et on souhaite bonne chance à l'artiste qui voudrait trouver meilleure ouverture d'album que l'enchaînement One More Time, Aerodynamic, Digital Love et Harder, Better, Faster, Stronger. Entre le solo de guitare à la Van Halen du second et celui de Wurlitzer du troisième, notre cœur balance.

    La suite de l'album est à l'avenant, avec des pépites cachées sur toutes les faces, notamment les instrumentaux exceptionnels que sont Voyager (cette harpe et cette basse !) et Veridis Quo, sorte de version electro monstrueuse de Bach.

    Bref, il y a trop d'excellents morceaux sur "Discovery", qui réussit la prouesse de nous embarquer comme son titre l'indique dans une sorte de grande croisière spatiale à la découverte d'une musique parfois kitsch mais qui se moque des étiquettes et du bon goût – une bonne partie de la presse sera horrifiée par l'album à sa sortie, avant de reconnaître ultérieurement son caractère de chef-d'œuvre. Inutile de le nier : les passagers du vaisseau "Discovery" ne se sont jamais remis du voyage, nous y compris.

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