Quels sont les 20 meilleurs albums de 1997 ?

Il n’y avait pas que des boys bands, les Spice Girls et Aqua en 1997. Que l’on soit fan de rock, de rap ou d’électro, cette année est incontestablement un très grand cru pour la musique, avec assez d’albums incroyables pour faire un top 100. Ne vous en voulez pas : on a préféré se limiter à une sélection subjective de tous ces disques qui fêtent aujourd'hui leurs 25 ans. Un bel âge.
  • Daft Punk – "Homework"

     

    Est-il est encore nécessaire de présenter le premier album des Daft ? En 1996, nos deux héros casqués prennent leur envol en signant chez Virgin, tout en conservant leur indépendance. Avec "Homework", ils créent la bande-son d’une génération et exportent la French touch dans le monde entier. Tout n’est pas encore parfait, mais on peut tout pardonner aux compositeurs de Da Funk.

    Radiohead – "OK Computer"

     

    La définition d’un classique. Vingt-cinq ans après sa sortie, le troisième album angoissé de Radiohead sur les dangers de la technologie est plus d’actualité que jamais. Et musicalement, "OK Computer" reste un miracle unique, un album follement ambitieux comme on n’en a jamais entendu ni avant, ni après. Chaque tube – et il y en a tellement – est un clou dans le cercueil de la Britpop. On a fait pire musique d’enterrement.

    The Verve – "Urban Hymns"

     

    Trajectoire fascinante que celle du groupe de Wigan. En 1993, The Verve sort un premier album lourdement pysché, un classique du shoegaze, mais fait un bide. Deux ans plus tard, bide repetita malgré la dimension un peu plus pop donnée à un album encore excellent, "A Northern Soul". C’en est trop pour le groupe de Richard Ashcroft, qui se sépare brièvement, avant de se reformer pour composer l’un des plus grands albums de pop britannique de la décennie. Sonné par le succès des singles immortels d’"Urban Hymns" – diable de Bitter Sweet Symphony – The Verve se sépare à nouveau après ce chef-d’œuvre.

    Spiritualized – "Ladies and Gentlemen We Are Floating in Space"

     

    Incidemment, Richard Ashcroft est peut-être à l’origine d’une deuxième entrée de cette liste. Jason Pierce aurait-il composé ce magnifique album post-rupture s’il n’avait pas été largué par sa copine de l’époque (Kate Radley), partie épouser le leader de The Verve ? Peu importe : ici, l’ancienne moitié de Spacemen 3 se transforme en chef d’orchestre, convoque un chœur gospel et construit une véritable cathédrale sonore faite de compositions tantôt exaltantes, tantôt bouleversantes, au service d’un psychédélisme d’un genre nouveau.

    Nick Cave – "The Boatman’s Call"

     

    Décidément, rien ne vaut une bonne rupture pour composer le meilleur album de sa vie. En 1997, la relation entre PJ Harvey et le pauvre Nick vient de se terminer, et que fait ce dernier ? Il se met au piano et écrit certaines des chansons les plus déchirantes de sa carrière à l’attention de son ancienne compagne. Le résultat est beau à pleurer : une seule écoute de "The Boatman’s Call" suffit à faire exploser votre budget Kleenex.

    AIR – "Premiers Symptômes"

     

    Oui, ce n’est pas un album mais un EP, et alors ? Un an avant la dinguerie "Moon Safari", le duo versaillais montre déjà de quel bois il se chauffe avec cette collection inouïe de morceaux essentiellement instrumentaux, où leur obsession du Moog et du Fender Rhodes se télescope avec des lignes de basse et des rythmes langoureux qui donnent des bouffées de chaleur, pour employer un langage châtié.

    The Dandy Warhols – "…The Dandy Warhols Come Down"

     

    L’histoire est savoureuse. Signé par Capitol après un premier album prometteur, le groupe de Portland voit son "Black Album" être refusé par la major, car il ne contient aucune "hit song". Courtney Taylor-Taylor et les autres retournent donc au travail et reviennent avec une collection de tubes de power pop psychédélique, accompagnées de quelques envolées shoegaze du plus bel effet. Un album terriblement sous-estimé, condamné à vivre dans l’ombre de son successeur, "Thirteen Tales from Urban Bohemia" (2000).

    The Brian Jonestown Massacre – "Give It Back!"

     

    Au même moment, les grands rivaux du BJM sont eux aussi au sommet de leur forme. Ils embauchent Peter Hayes, futur guitariste de Black Rebel Motorcycle Club, et balancent un classique psyché foufou qui contient bon nombre des meilleurs morceaux jamais enregistrés par Anton Newcombe et ses acolytes, et même quelques tubes ouvertement pop en réponse directe aux Dandy Warhols. La belle époque.

    Teenage Fanclub – "Songs from Northern Britain"

     

    En 1997, le groupe écossais sort d’un nouvel album triomphal ("Grand Prix") et dispose pour la première fois de pas mal de temps et d’argent pour prendre son temps en studio. Un luxe qui lui permet de polir certaines des meilleures chansons de sa carrière – où la concurrence est pourtant rude. "Songs from Northern Britain" ne réinvente pas la recette magique de Teenage Fanclub, mais il est humainement impossible de résister aux arrangements et aux harmonies vocales de chansons d’amour aussi pures.

    Super Furry Animals – "Radiator"

     

    Après avoir lâché une bombe dès son premier album, le groupe gallois n’a pas eu besoin de plus de douze mois pour revenir avec une livraison encore plus folle. Sur le successeur de "Fuzzy Logic", les Super Furry Animals s’éclatent en studio avec les possibilités offertes par les ordinateurs et les vieux synthés, et cela s’entend. "Radiator" mélange tous les sons et les genres sans jamais oublier les mélodies, et on en ressort toujours en se demandant comment un édifice aussi bordélique tient aussi bien debout. Renversant.

    Supergrass – "In It for the Money"

     

    Voilà un autre groupe dont le sens du fun est contagieux. Leur deuxième album était aussi attendu au tournant, mais quand on a autant de talent que Supergrass et qu’on connaît aussi bien ses standards sixties, on peut se permettre de dire dans le titre qu’on est « là pour l’argent ». Comme son prédécesseur, "In It for the Money" contient simplement beaucoup trop de bonnes chansons, où les guitares du groupe et la voix déjà ravageuse de Gaz Coombes sont ici réhaussées par des claviers et des cuivres qui transforment certains singles en chevauchées épiques. Jouissif.

    Elliott Smith – "Either/Or"

    Voilà ce qu’on appelle un peu facilement l’album du tournant dans la carrière du songwriter à la destinée tragique. En 1997, Gus Van Sant le met en lumière, et il va bientôt signer sur une major. Mais avant cela, Elliott Smith a encore un dernier grand album dépouillé à offrir. Et encore, "Either/Or" ne l’est pas tant que ça : on y trouve bien plus d’instruments que sur ses albums précédents. Pas de quoi le faire dérailler : les chansons sont toujours à tomber par terre – et déchirantes, cela va sans dire.

    Ben Folds Five – "Whatever and Ever Amen"

     

    Cet album est une délicieuse anomalie dans une année dominée par la guitare sous toutes ses formes. Pas la moindre trace de six-cordes ici, mais une énergie folle déployée par un groupe qui s’est enfermé dans une maison de Caroline du Nord pour jouer du piano rock comme à la grande époque des seventies. Avec un humour qui n’appartient qu’à lui, Ben Folds chante des balades qui tuent sur des thèmes parfois improbables, et ça marche : "Whatever and Ever Amen" contient certains de ses morceaux les plus chéris.

    Buena Vista Social Club – "Buena Vista Social Club"

     

    Un phénomène unique dans l’histoire récente de la musique populaire. En 1996, le guitariste Ry Cooder débarque à Cuba où il rassemble dans un studio resté dans son jus pré-révolution castriste des légendes de la musique cubaine traditionnelle. Au crépuscule de leur vie, ces dernières enregistrent cet album prodigieux qui ressuscite les spécialités musicales du coin comme le son cubano. C’est un carton inattendu : le monde entier écoute le Buena Vista Social Club et redécouvre la grandeur de cette musique grâce ce collectif désormais immortel.

    Mogwai – Mogwai Young Team

     

    Le disque idéal pour effrayer un fan de Britpop. Avec ses morceaux instrumentaux à rallonge et son minimalisme (guitare, basse, batterie, ça suffit !), le premier album de Mogwai est un manifeste sismique qui fait trembler tout l’édifice rock de 1997, mais qui cache des moments de calme d’une beauté assez stupéfiants, comme lorsque d’autres instruments se frayent discrètement un chemin entre deux embardées assourdissantes.

    Primal Scream – "Vanishing Point"

     

    En 1997, Primal Scream est un groupe mal en point. Après le triomphe de "Screamadelica" en 1991, la bande à Bobby Gillespie a rendu un hommage raté aux Stones en 1994 avec "Give Out But Don't Give Up". Heureusement, Mani débarque des Stone Roses et apporte sa basse soyeuse à ce trip psyché en hommage au road movie culte de 1971. Influencé par une myriade de courants électroniques, "Vanishing Point" est un album dangereusement hallucinant, à écouter en voiture, mais à ses risques et périls.

    Blur – "Blur"

     

    La Britpop se meurt, mais Blur refuse de mourir avec elle. Pas effrayés par le vent du changement, Damon Albarn et Graham Coxon partent à la conquête des Etats-Unis avec un rock indé très musclé qui fait mouche dans les charts. Certaines fans peuvent bien crier à la trahison, mais derrière le rouleau-compresseur "Song 2" se cache une pelletée de pépites qui partent dans tous les sens et prouvent que contrairement à la plupart de ses anciens rivaux, Blur est bien plus qu’un groupe de Britpop.

    Grandaddy – "Under the Western Freeway"

     

    Comment rester insensible aux mélodies bricolées et chantées par la voix adorable de Jason Lytle ? Dès son premier album, le leader de Grandaddy impose sa marque de fabrique, un don évident pour la pop, qu’il passe dans un gros shaker lo-fi. Résultat ? Il y a dans "Under the Western Freeway" des moments de grâce réellement suspendus, à la fois grisants et déchirants, où la distorsion des guitares et des claviers répond à un chant parfois presque chuchoté. Intemporel.

    Björk – "Homogenic"

     

    Hommage grandiloquent au pays natal de l’Islandaise, "Homogenic" est un album monstrueux qui croise rythmes électroniques et arrangements de cordes divins. Et malgré des paroles plutôt sombres, le grand public a vite adhéré à ce qui reste le disque le plus réputé et le plus célèbre de Björk. Plus généralement, c’est un incontournable dans l’histoire de la musique électronique : il a influencé des tonnes d’artistes ces vingt-cinq dernières années.

    The Prodigy – "The Fat of the Land"

    Ah, l’album au crabe du groupe synonyme de big beat dans l’esprit de 100% de la population… Son énorme succès pourrait laisser croire le contraire, mais "The Fat of the Land" est un disque punk à plus d’un titre. Musicalement d’abord, il envoie des tatanes monumentales grâce à l’arrivée de Keith Flint, qui chante sur plusieurs singles. Mais il s’agit aussi d’un album qui a suscité bon nombre de controverses pas imméritées à sa sortie pour certains choix douteux, qu’il vaut mieux éviter de remuer aujourd’hui.

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