2017 M09 1
La combine à Nanar. En général, quand on pense à Tapie, ce sont les images de l’homme patron d’un club de foot (l’OM) qui viennent, mais aussi celles qui renvoient à sa courte carrière politique, à la taule et, dans le « meilleur » des cas, à son feat avec Doc Gynéco sur C’est beau la vie (plus que le titre en question, en tout cas). Tout cela est vrai, certes, mais c’est un peu vite oublier que l’homme aux 10 000 vies a également failli devenir un producteur de clip qui pèse. Son seul essai, le Pull Marine d’Adjani, restera son seul succès.
Isabelle a les yeux bleus. En 1983, Tapie est encore cet homme d’affaires à qui tout réussit et qui plus tard se mettra même en scène pour faire la pub des sociétés qu’il a rachetées entre deux tours d’hélicoptère. À partir de là, rien de plus normal que de le retrouver au casting du premier court-métrage musical jamais réalisé en France. Derrière la caméra, un certain Luc Besson (25 ans à l’époque) et, devant, l’actrice la plus populaire des années 1980.
« Personne n’y croyait, on a fait un malheur. »
Merci Serge, merci Bernard. Écrit par Serge Gainsbourg (dont on connaît la passion pour les actrices-chanteuses), le titre est instantanément un carton. 600 000 ventes plus loin, c’est alors le moment de faire découvrir à la France les images réalisées par Besson, avec un décor intégralement construit sur pilotis et le tout filmé à la Louma avec une grue. Le rôle de Nanar dans cette histoire : sortir le carnet de chèques pour régler l’ardoise (le clip a coûté plus d’un million de francs). La suite, on la connaît un peu mieux. Pull Marine traumatisera une génération d’ados puis obtiendra la Victoire de la musique du meilleur vidéo-clip en 1985.
Que se serait-il passé si, porté par ce succès, Tapie avait décidé de devenir le boss du clip français ? Mystère. Tout au plus connaît-on son avis sur sa seule production, 35 ans après : « Ce clip, personne n’y croyait, pourtant on a fait un malheur. » Cette fois au moins, pas de tricherie sur la victoire.