2017 M05 19
1. Requiem for a Dream (Clint Mansell featuring Kronos Quartet, 2000)
L’un des meilleurs longs-métrages jamais réalisés sur le thème de la dépendance devait forcément comporter une bande-son addictive. Requiem For A Dream, le second film de Darren Aronofsky, provoque la rencontre psychotrope de l’electronica percussive de Clint Mansell (ancien clavier/guitariste de Pop Will Eat Itself) et des cordes étouffantes du Kronos Quartet, les champions du minimalisme orchestral. Fonctionne aussi très bien sans les images.
2. The Virgin Suicides (Air, 2000)
Avec The Virgin Suicides, Sofia Coppola étrenne sa carrière de metteur en scène, Kirsten Dunst explose dans son premier grand rôle et Air compose sa première bande originale de film. Angoissant, synthétique et orageux, le score des Versaillais dispose également d’un single imparable : Playground Love, interprété sous le pseudonyme de Gordon Tracks par Thomas Mars, le chanteur de Phoenix.
3. There Will Be Blood (Jonny Greenwood, 2008)
En 2008, Jonny Greenwood, l’artificier de Radiohead, juxtapose ses cordes dissonantes aux images de There Will Be Blood, le chef-d’œuvre pétrolier de Paul Thomas Anderson. Une partition phénoménale étonnamment écartée des Oscars, en raison d’une spécificité technique qui exclut « toute partition diluant un même thème dans son tracklisting et contenant de la musique préexistante« . Soit la définition d’une bande originale !
4. Kill Bill (Various, 2003)
« Mettre de la musique sur des images, c’est le pied ultime », s’enthousiasmait Quentin Tarantino en 2001. Compilés par le réalisateur et son équipe de crate diggers, les deux volumes de la bande-son de Kill Bill 1 et 2 sont des rêves mouillés de cinéphages bis, entre tensions hitchcockiennes (Twisted Nerve de Bernard Herrmann), de blaxploitation (Run Fay Run d’Isaac Hayes) et d’hommages au films de sabres via Tomoyasu Hotei et les samples ceinture noire de RZA.
5. Drive (Cliff Martinez/Various, 2011)
Dominée par Nightcall, le méga hit vocodé de Kavinsky, la bande originale du thriller de Nicolas Winding Refn contient également des plages synthé-pastels des Chromatics, College, Kalyna Ranieri et surtout un impeccable score nocturne de Cliff Martinez, le fidèle compositeur de Soderbergh, sur lequel plane l’esprit du grand Giorgio Moroder. Et les années 1980 redevinrent cool.
6. Lost in Translation (Kevin Shields/Various, 2003)
Sofia Coppola, deuxième prise. Pour illustrer le spleen tokyoïte de Bill Murray et Scarlett Johansson, la réalisatrice retrouve Air le temps d’un zen Alone in Kyoto, mais concède la moitié de sa bande-son à Kevin Shields, le bruitiste de My Bloody Valentine. Elle y insère aussi le Just Like Honey de Jesus and the Mary Chain. Ne cherchez pas plus loin : la résurrection du shoegazing vient de là.
7. La cité de Dieu (Antonio Pinto et Ed Côrtes, 2002)
« Avec mon partenaire musical Ed Côrtes, j’ai décidé d’orienter la bande originale de La cité de Dieu vers la musique jouée au Brésil à la période où se situe l’histoire, les années 1960 et 1970 : la musique black américaine, funk, samba et funk-samba brésilienne », explique Antonio Pinto dans le livret d’une B.O. qui exhume également le cultissime Tim Maia, la synthèse carioca de Coluche et de James Brown.
8. Scott Pilgrim VS. The World (Various, 2010)
Étonnante synthèse de mise en scène live, de film d’animation et de jeu vidéo, Scott Pilgrim VS. The World est totalement passé sous les radars lors de sa sortie en 2010. Sauf pour les oreilles des geeks mélomanes, ravies par une chouette sélection indie comprenant Frank Black, Metric, les Beachwood Sparks et le retour de semi-retraite de Beck, qui signe avec Ramona une de ses plus belles ballades des années 2000.
9. La vie aquatique (Seu Jorge/Various, 2004)
Wes Anderson a toujours autant soigné ses B.O. que les décors de ses films élaborés comme des maisons de poupées. Après les habiles placements de titres des Kinks et des Rolling Stones dans Rushmore et La famille Tennenbaum, La vie aquatique propose des chansons unplugged de David Bowie reprises en portugais par le songwriter brésilien Sue Jorge. Subtil et touchant, le résultat a reçu l’adoubement de Bowie en personne.
10. Snatch (Various, 2000)
Parfait condensé de culture musicale lad (Stranglers, Oasis, The Specials…) et de rare groove qui tabasse (l’énorme Cross The Tracks (We Better Go Back) de Maceo & The Macks), la B.O. burnée de Snatch fait aussi dans la private joke quand le réalisateur Guy Ritchie glisse une chanson de son épouse sur une scène de baston : le Lucky Star de Madonna.