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Il paraît que, de la contrainte naît la création, que les aléas rencontrés lors des sessions en studio font éclore des idées inattendues. On ne sait pas si cela se vérifie à chaque projet, mais force est de constater que c'est ce qui a donné vie à la B.O. de Priscilla, le biopic de Sofia Coppola basé sur les mémoires de Priscilla Presley, en salles le 3 janvier 2024.
Car faute de pouvoir obtenir les droits des chansons d’Elvis, la réalisatrice a dû opter pour d’autres options, trouver d’autres moyens d’accompagner ses images, sans les surcharger - malgré 51 pistes présentes au générique, le film ne contiendrait finalement que très peu de moments musicaux.
Pour cela, Sofia Coppola s’est naturellement tournée vers des hommes de confiance : Randall Poster (Le loup de Wall Street, Killers Of The Flower Moon, les films de Wes Anderson), qu'elle connaît depuis longtemps et qui n'est autre que le collaborateur régulier des projets de son frère (Roman), et Phoenix, notamment Laurent Brancowitz et Thomas Mars, avec qui elle est mariée depuis 2011. À ces trois comparses, il convient également d’ajouter Sons of Raphael, que le groupe français a connu via Philippe Zdar et à qui il a confié de multiples chansons au sein du long-métrage, notamment le générique de fin : My Elixir, une reprise de... Phoenix.
« Leurs chansons sont très complexes, tellement complexes que les différentes parties de leur musique, juste les pistes séparées, ont beaucoup de choses à raconter. Ils sont si doués pour comprendre les arrangements. C'est donc tout naturellement que nous leur avons demandé de participer à ce projet. »
Si Thomas Mars, dans une interview à Consequence Of Sound, s'exprime ainsi, à la manière d'un directeur musical, c'est parce que Laurent Brancowitz et lui ont réellement joué ce rôle pour la B.O. de Priscilla. Il y a bien quelques chansons de Phoenix au générique, mais il s'agissait plutôt d'œuvrer aux côtés de Randall Poster et de la monteuse (Sarah Flack) à l'incorporation de morceaux pré-existants, que ce soit sous la forme d'une reprise ou dans leur version originale. À l'image de I Will Always Love You de Dolly Parton, Baby, I Love You des Ramones (censée illustrer la fin de l'ère Elvis) et Venus de Frankie Avalon, qui était la chanson jouée lorsque Priscilla Ann Wagner a rencontré l'ami qui finira par lui présenter le King.
Histoire de coller à l'époque, Thomas Mars, Laurent Brancowitz et Randall Poster ont également fait preuve de subterfuges. À défaut de pouvoir utiliser les morceaux d'Elvis, les ayants droit étant plutôt frileux à l'idée de voir les morceaux de ce dernier dans un film narré du point de vue de Priscilla, Randa Poster a choisi de faire appel à différents imitateurs du King, tandis que Phoenix a repris Aura Lee, cette chanson qui a autrefois servi de base à Love Me Tender. Comme quoi, l'adage évoqué plus haut disait vrai : les obstacles rencontrés sont finalement moins une contrainte qu’une opportunité.