2017 M06 1
Beatmaker de l’année ? « La seule raison pour laquelle nous n’avons pas fait plus de chansons, c’est parce que Metro s’est endormi. » Ces mots de Gucci Mane, pour expliquer la conception de « DropTopWop », en disent long sur la simplicité avec laquelle Metro Boomin aborde ses productions. L’Américain a beau être en studio avec l’un des rappeurs les plus cotés des années 2010, il semble parfaitement inconscient de l’attente qu’il suscite chez les auditeurs et du niveau d’exigence qu’il impose bien involontairement à ses contemporains.
Boom boom. En revanche, ce que ne dit pas Gucci dans cette interview accordée à Beats 1, c’est comment Metro Boomin rebat les cartes du hip-hop ces deux dernières années, ni comment un producteur d’à peine 23 ans a pu accumuler autant de singles et de collaborations prestigieuses en si peu de temps. On parle quand même d’un mec à la conception de titres tels que Bad And Boujee de Migos, No Heart de 21 Savage, The Blanguage de Young Thug ou encore Mask Off de Future, probablement le meilleur tube de 2017. Forcément, ça commence à peser sur le CV, et les MC venus de toute l’Amérique le courtisent désormais : YG, Kanye West, Drake, Travi$ Scott ou ILoveMakonnen ont depuis 2014 fait appel à ce jeune homme originaire de Saint-Louis.
Maman approuve ce message. C’est en effet dans le Missouri que Leland Wayne se découvre une passion pour le hip-hop. Il n’a alors que treize ans, mais les albums d’Ice Cube, MC Lythe et, surtout, Nelly lui donnent envie de sauter le pas. Plutôt que rappeur, il sera producteur. Ça tombe bien, sa mère préfère. Alors, lorsqu’il est repéré par un MC d’Atlanta, OJ da Juiceman, elle n’hésite pas à l’accompagner chaque week-end dans la ville d’Outkast pour qu’il s’adonne à sa passion. Côté street cred, on a connu plus rude, mais le succès de son premier single avec Future, Karate Chop, assoit sa réputation.
Sa science du son également : caractérisés par un évident esprit minimaliste et par l’utilisation régulière de drops, les beats de Metro Boomin transpirent la mauvaise weed et la nonchalance. Surtout, leurs architectures complexes permettent à la trap de se réinventer, entre pulsions underground et efficacité mélodique.