2021 M08 29
Tous les fans de Pink Floyd savent d’où vient cette image. Mais les moins avertis y verront juste un prisme de lumière, comme dans les manuels scolaires du collège. C’est d’ailleurs précisément dans l'un de ces bouquins que Storm Thorgerson, designer en chef pour Pink Floyd, a trouvé son inspiration pour réaliser ce qui est devenu la cover la plus mythique de tous les temps.
L’histoire visuelle de Pink Floyd est intimement liée à celle de Hipgnosis. Fondé par Aubrey Powell et Storm Thorgerson, ce collectif de graphistes s’est chargé de réaliser la pochette de “The Dark Side of The Moon”. La confiance est totale entre les musiciens et leurs designers et les consignes reçues par ces derniers sont minimes. “Rick Wright nous a suggéré de faire quelque chose de propre, élégant et graphique” avant d’ajouter “pas de putain de photos cette fois-ci. J'en ai marre des photos.” C’est donc à partir de ces simples instructions que les génies d’Hipgnosis se sont mis à la tâche.
Plusieurs autres idées ont été mises sur la table avant d’arriver au fameux prisme. Une version de la pochette existe avec le surfeur d’argent dessus, célèbre personnage de comics, mais la proposition a été refusée par le groupe, juste avant qu’ils choisissent le fameux prisme “en moins de trois minutes” selon Thorgerson toujours. L’avantage qu'ont eu les graphistes d’Hipgnosis, c'est de travailler directement avec les membres de Pink Floyd, sans passer par une maison de disques. C’est ce qui leur a permis de prendre la liberté de ne mettre ni le nom du groupe, ni celui de l’album.
Le travail graphique mis en place sur “The Dark Side of The Moon” ne s’arrête pas à sa cover frontale. L’arc-en-ciel qui s’échappe sur la droite de la pochette se prolonge jusqu’à l’intérieur du vinyle. La ligne verte se met alors à bouger de haut en bas, comme des battements de cœur sur un moniteur d’hôpital. Cette idée ne vient pas de Thorgerson ou Powell, mais de Roger Waters en personne.
Bon, pour certaines personnes, cette pochette n’a rien d’exceptionnelle, et ça peut se comprendre. Mais pour Thorgerson, elle est bourrée de sens. Dans un entretien accordé à Rolling Stone, il s’explique : “Je pense que le triangle, qui est un symbole de la pensée et de l'ambition, était très présent dans les paroles de Roger. Donc le triangle était une icône très utile à déployer et à utiliser dans le prisme. Désormais, le prisme appartient au Floyd.” Et il a entièrement raison.
Pink Floyd - Dark Side of the Moon (1973)
— 𝓒𝓵𝓪𝓼𝓼𝓲𝓬 𝓐𝓵𝓫𝓾𝓶 𝓐𝓻𝓽 (@ClassicAlbumArt) December 20, 2020
The joining of the spectrum extending round the front/back cover into the gatefold inside was seamless like the segueing tracks on the album. The opening heartbeat was represented by a repeating blip in one of the colours. pic.twitter.com/Kj93gWA92u
The classic #PinkFloyd album Dark Side of the Moon turns 45 today, however their follow up album “The Dark Side of That’s No Moon” is far superior... pic.twitter.com/1GqXCPWZ1f
— Star Wars (@StarWarsPR) March 1, 2018
Dans une interview pour Fast Company, Aubrey Powell a expliqué sa vision des pochettes actuelles. Selon lui, “l’imagerie numérique a complètement détruit la cover d'album.” et si “TDSOTM” a autant marché, c’est parce que son artwork a attiré le public, chose qui ne pourrait pas influencer le public aujourd’hui.
“Le nombre de fois où les gens ont essayé de copier l'idée et de faire quelque chose de similaire a prouvé que la plupart des gens pensent que c'est une image très, très puissante.” a affirmé David Gilmour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’est pas trompé. Le “Dark Side" s’étant vendu à plus de 45 millions d’albums, la pochette a pu définitivement s’ancrer dans la tête des fans, mais aussi dans la société en général en donnant naissance à des millions de produits dérivés à travers le monde.
L’album “The Dark Side of The Moon” est toujours bien présent dans le paysage musical actuel (encore plus les jours d’éclipse) et sa pochette a grandement contribué à cette notoriété qui dure depuis presque 50 ans. Une dictature visuelle sans précédent, et qui n’est pas près d’être égalée.