2018 M02 19
Graines de stars. Pour comprendre l’impact du premier album éponyme des Destiny’s Child, il faut d’abord faire un bon en arrière et revenir en 1990. Cette année-là, Brian Kenny et Andretta Tillman mettent en place des auditions pour former un groupe qu’ils ont nommé Girl’s Tyme. À la fin du casting, seront notamment retenues : Beyoncé Knowles, Kelly Rowland, LaTavia Roberson, LeToya Luckett, Ashley Tamar Davis et deux sœurs danseuses, Nikki et Nina Taylor.
Elles ont entre 9 et 10 ans et enchaînent alors les séances de travail, les répétitions jusque tard dans la nuit et les concerts gratuits dans les supermarchés ou les pool parties.
Wonder women. Il faut pourtant attendre 1997, et une signature chez Columbia grâce au single No, No, No, pour que les choses se mettent réellement en place pour les Destiny’s Child. Rapidement concrétisées via un premier album qui pose les bases du son de Beyoncé et ses comparses : il n’y a pas encore de tubes aussi universels que Soldier, Say My Name ou Survivor, ni de déclarations féministes aussi fortes que sur Bills, Bills, Bills (qui, met en avant le pouvoir du sexe féminin au sein d’un couple) ou Independant Women (qui milite pour que la femme trouve son propre travail et ne cède pas aux avances d’un homme prêt à lui acheter tout ce dont elle a besoin), mais on sent déjà pointer les hommages à peine masqués à Janet Jackson ou aux stars de la Motown, ainsi que toutes ces expériences sonores qui s’apprêtent à faire entrer le R&B dans la modernité.
3 millions d’albums plus tard… Car, au-delà des tubes et des messages qu’il contient, c’est bien la qualité sonore qui permet à « Destiny’s Child » de compter dans l’histoire de la pop music. Il s’agit d’un disque qui renferme des hits construits sur des rythmes complexes et syncopés, qui, à l’instar de ceux d’Aaliyah, ose les orchestrations vaporeuses à une époque où on considérait encore ça comme une faute de goût, et qui a l’ambition de réunir sur piste ce qui se faisait de mieux dans les musiques afro-américaines à la fin des années 1990 (Wyclef Jean et Jermaine Dupri ici, Timbaland et Missy Elliott plus tard).
Influence intacte. Plutôt que de s’en étonner, il faut donc l’admettre : oui, « Destiny’s Child » est un disque important en ce qu’il cristallise les ambitions futures d’un quatuor aujourd’hui encore très influent. Les remix des Neptunes ou de James Blake, les hommages récurrents de Kaytranada ou les samples de Drake, Disclosure et Skepta en sont autant de preuves éclatantes.