Comment un concert de Beyoncé a fait flamber l'inflation en Suède

En mai dernier, la venue de Queen B à Stockholm a fait bondir le prix des hôtels et des restaurants, tout heureux de pouvoir augmenter leurs tarifs en étant certains d'accueillir des fans venus du monde entier. Depuis, le phénomène se vérifie avec d’autres popstars, dans d’autres villes, où l’économie locale est chamboulée par la venue de ces tournées gigantesques.
  • Que se passe-t-il lorsqu'on est suivie par 315 millions de personnes sur Instagram, que l’on vend ses albums avec la même facilité que des chocolats à Noël et que l'on donne ses premiers concerts depuis sept ans ? La réponse est simple : on se retrouve dans l’incapacité de satisfaire la grande majorité de ses fans. Avec « Renaissance World Tour », Beyoncé en sait quelque chose, illustrant à elle seule un principe presque aussi vieux que l'économie elle-même : l'offre et la demande.

    Autrement dit : alors que des millions de personnes souhaiteraient assister à ses concerts, seuls quelques centaines de milliers d’entre elles auront la chance de s'y rendre, consistant ainsi à faire grimper le prix. Des places ? Oui, mais pas que. À en croire un économiste de la Danske Bank, Michael Grahn, les deux concerts de Queen B en mai dernier à Stockholm ont réuni près de 100 000 spectateurs (dans une ville qui compte 975 000 habitants) et auraient ainsi fait flamber le prix des hôtels et des restaurants, ajoutant au passage 0,2 point supplémentaire sur l’inflation suédoise. Un terme a depuis fait son apparition dans le jargon des économistes : la "Bey-flation".

    Beyoncé n'est évidemment pas la seule artiste à provoquer une telle hausse des prix. Au fond, cela concerne n'importe quelle pop-star capable de drainer au même endroit un public considérable : Bruce Springsteen, Ed Sheeran, Pink, Elton John ou encore Taylor Swift, dont les dates américaines (soit 2 millions de places écoulées en à peine 24h...) devraient à elles seules générer 4,5 milliards de chiffres d'affaires en incluant les différents revenus.

    Par conséquent, le prix des chambres d'hôtel a doublé lors de sa venue dans différentes villes (Cincinnati et Pittsburgh), tandis que des agences proposent désormais des packs tout compris (concert + voyage) afin d'attirer l'attention d'un public prêt à faire passer le personnage de Dre dans la série Swarm pour une saine d'esprit.

    Quant à savoir si cette inflation spectaculaire peut s'éterniser, la décence et la raison voudraient que non. D'autant que celle-ci incite les heureux élus à revendre leurs places sur le marché noir à des prix qui frôlent l'escroquerie. Ce qui, à en croire un entretien accordé à l'AFP par Andrew Leff, enseignant à l'Université de Californie du Sud, est le cadet des soucis de Tickmaster, la société étant simplement heureuse de pouvoir combler de bonheur une jeunesse fortunée.

    « Si vous êtes Ticketmaster, que vous pouvez faire payer ce que vous voulez, que vous n'avez pas de concurrence, et qu'il y a de la demande pour Taylor Swift ou Beyoncé, c'est le jeu de l'offre et de la demande », souligne cet ancien professionnel de l'industrie musicale. Et de conclure : « Ils peuvent faire payer ce qu'ils veulent, et c'est ce qu'ils font. »

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