En 2022 sur Spotify, les Français ont surtout écouté Jul, Ninho et Gazo

Qui dit fin d'année, dit forcément bilan. Si la grande majorité des tops sont évidemment contestables, d'autres se révèlent plus implacables. Parce qu'ils se basent sur des faits, des chiffres et qu'ils permettent forcément de poser une tendance. Ainsi du « Wrapped 2022 » de Spotify, une rétrospective annuelle grâce à laquelle il est possible d'analyser le paysage musical des douze derniers mois. Et donc ? N'en déplaisent aux fans d'émissions de variétoche comme aux rockeurs, c'est bien le rap qui domine encore et toujours les débats.

Pour la troisième année consécutive, c'est même JuL qui génère le plus d'écoutes avec plus de 4 millions de streams en 2022. Trois raisons à cela : un public fidèle (près de 6,5 millions d'auditeurs par mois), deux albums sortis (soit 60 morceaux) et un ancrage dans le genre musical le plus populaire sur les plateformes de streaming. Derrière le rappeur marseillais, ce sont en effet Ninho, Gazo, Damso, PNL, Naps, Orelsan, Tiakola et Nekfeu qui se succèdent - seul The Weeknd, pour l'international, vient nuancer un peu le classement.

Du côté des albums et singles, c'est le même constat : alors que Ninho tutoie le sommet de ces deux catégories, seuls Harry Styles (pour les titres) et Ed Sheeran (pour les albums) viennent contrecarrer l'hégémonie du rap. Quant à PNL, le duo vient tordre le cou à ceux qui pensent qu'il faut être continuellement présent pour exister, que le public rap est constitué de jeunes qui passent vite à autre chose : les deux frères n'ont rien publié depuis 2019 et restent malgré tout abonnés aux tops streams. De même que Nekfeu et Damso, quoique leur présence peut s'expliquer par la sortie d'un album collectif (le S-Crew) ou différents singles.

L'effet pervers de la domination du rap, c'est l'absence totale d'artistes féminines au sein des différents tops 10. Si bien que Spotify a pensé cette année à un classement exclusivement féminin. Avec, sans surprise, un trio de tête intouchable : Angèle, Dua Lipa et Aya Nakamura, suivies par une flopée d'artistes internationales (Billie Eilish, Rosalía, Doja Cat, Beyoncé, Rihanna). Là encore, c’est sans réelle surprise, mais Nicolas Du Roy veut croire à une « plus grande diversité des classements » dans les années à venir.

Grâce à l’arrivée de personnes plus âgées sur les plateformes, le directeur éditorial de Spotify France prédit même davantage d’équilibre : « On voit depuis presque cinq ans de nouveaux utilisateurs âgés de plus de 25 ans arriver sur notre plateforme, précise-t-il à 20 Minutes. On observe une croissance dans les classements d’artistes patrimoniaux tels que Julien Clerc ou Florent Pagny. » Ce ne serait finalement que plus représentatif de l’ensemble du paysage musical français, mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?