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C’est « une des choses que nous aimerions faire et c’est quelque chose que nous nous allons [envisager] avec nos partenaires des labels ». Voilà la citation de Daniel Ek – grand patron de Spotify – qui a retenu l’attention de tout le monde dans son interview donnée récemment au journal américain The Wall Street Journal.
Il juge une hausse des prix « probable » l’année prochaine pour le marché américain, mais cette mesure a aussi de grandes chances de toucher la France, et voici pourquoi.
Qui paye un abonnement Spotify en Big 2023 sérieux https://t.co/ODsId0yuXR
— 𝐈𝐬𝐦𝐱 🕋🇵🇸🇲🇦 (@3arbi_Isma) October 27, 2022
La concurrence a déjà fait pareil
Un argument économique imparable dont Daniel Ek se réjouit ouvertement, puisqu’en ne prenant pas l’initiative le premier, il n’a qu’à s’aligner sur les nouveaux prix pratiqués par la concurrence.
Ainsi les tarifs de Deezer ont déjà augmenté en France cette année (10,99€/mois pour le premium, 17,99€/mois pour la famille, 5,99€/mois pour l'étudiant), comme ceux d’Apple Music (5,99€/mois pour les étudiants, 10,99€/mois pour l’individuel, 16,99€/mois pour le familial).
À titre de comparaison, les tarifs de Spotify en France sont actuellement les suivants : 9,99€/mois pour le premium, 15,99€/mois pour la famille, et 4,99€/mois pour l’étudiant.
Les prix n’ont quasiment pas bougé depuis le lancement de la plateforme
C’est un argument mis en avant pour les Etats-Unis, où Spotify existe depuis 2011, mais qui vaut aussi pour la France.
D’autres pays européens y ont déjà eu droit
Néanmoins, le point précédent n’est pas valable pour d’autres pays européens, déjà soumis à une augmentation tarifaire l’an dernier, à laquelle l’hexagone avait mystérieusement échappé. La présence de Deezer en France y était peut-être pour quelque chose.
Les artistes et les labels le souhaitent
Ce n’est pas un secret, les revenus tirés du streaming sont jugés insuffisants par la plupart des artistes présents sur ces plateformes. Et comme le catalogue de Spotify ne cesse de s’enrichir de nouvelles références, la situation ne pouvait pas s’améliorer de ce côté en conservant les mêmes prix.
L'abonnement standard pourrait donc dépasser la barre symbolique des 10 euros. https://t.co/wu6xRswNOT
— RTL France (@RTLFrance) October 28, 2022
Les comptes de Spotify restent dans le rouge
Malgré une hausse plus importante que prévue du nombre d’abonnements payants (195 millions dans le monde sur 456 au total), Spotify reste déficitaire (166 millions d’euros au dernier trimestre). L’entreprise étant cotée en bourse, ses actionnaires attendent des bénéfices.
La basse de l’euro face au dollar
Nous payons les services comme Spotify en euro, mais ces recettes sont ensuite converties en dollars. Or, la valeur de change de notre monnaie européenne ne cesse de baisser face à l’ogre américain.
L’inflation des coûts
La hausse des prix de l’énergie se répercute sur tous les secteurs. Et les entreprises comme Spotify utilisent bien sûr des quantités colossales d’énergie pour leurs data centers. Pour ne rien arranger, la hausse continue des abonné.e.s à Spotify engendre mécaniquement une hausse de ces coûts de fonctionnement.
Spotify pense que vous ne partirez pas
C’est peut-être le plus important. Pendant des années, les services comme Spotify créent une forme d’addiction en proposant un tarif très compétitif. Une fois que l’habitude d’utilisation est bien ancrée chez une personne, une petite hausse de prix ne suffit pas à la faire partir. Daniel Ek le sait mieux que personne, et toutes les statistiques le prouvent, nous sommes captifs de Spotify et compagnie. Reste donc à savoir à quel prix.
Crédit photo Une : Marco Verch.