2018 M01 26
Terre de rap. On ne remerciera jamais assez le 18ème arrondissement parisien pour avoir permis l’émergence de rappeurs aussi essentiels que la Scred Connexion, Hugo TSR, Davodka ou Georgio. Ancien voisin de ce dernier, Sopico vient donc entretenir l’héritage d’un rap systématiquement envisagé différemment, en refusant les codes en vogue partout ailleurs.
Mais la comparaison avec la Scred ou Hugo TSR s’arrête là : ici, pas de réalisme crû, de textes noircis par la monotonie d’une vie passée en bas des tours ou de beats obscurs, plus proches du boom-bap que des expérimentations stylistiques. Sopico cultive une vraie singularité, et le prouve avec ses différents titres joués en acoustique, avec simplement une guitare pour compagnie, un peu comme Nirvana et Lauryn Hill avant lui, sur ses albums Unplugged.
Un pied dans le game. Membre de la 75ème Session, Sopico n’en est pas pour autant à son coup d’essai : il y a d’abord eu le projet « Mojo » en 2016, produit aux côtés de son acolyte Sheldon, sa très belle session Colors (vue plus de 2,4 millions de fois), l’écriture d’une campagne vidéo pour la marque Walk In Paris, des collaborations avec L’Ordre du Périph et Haristone, ou encore des samples de Cortex et d’Ennio Morricone (sur Forteresse). Il y a aussi son album « YË » aujourd’hui, qui développe, en mélodies tour à tour nerveuses et acoustiques, des chansons au spleen communicatif, qui se rapprochent parfois du tube grâce à une interprétation changeante et des refrains singuliers (J.Snow, dédié à qui vous savez).
Confessions intimes. Présent aux Bars en Trans en fin d’année dernière, Sopico, c’est une évidence, pourrait donc bien être la belle confirmation rap de 2018. Un rap tout en nuance, tout en hybridité et en sincérité. À l’image des propos tenus sur Interlude, plus éloquents que n’importe quel discours : « Pour ne pas reprocher aux autres ce que je ne serais pas capable de guérir chez moi, j’écris des choses tristes ou qui font sourire. On m’a donné envie de rester fier et juste, de mélanger mes idées, d’en faire des peurs et des rêves, d’écrire encore et encore pour tatouer la ligne, écrire ma musique pour faire jouer ma ville. Toujours entre mes souvenirs et le présent, mes frustrations, mes envies, ce qui rend humain ».
Crédit photo : Lucas Matichard.