C'est confirmé, 50% des acheteurs de vinyles n'ont pas de platine

Porté par une courbe de croissance qui semble inarrêtable, le format attire de plus en plus de générations différentes. Mais alors que les médias expliquent depuis des années que le vinyle séduit pour sa qualité audio supposément supérieure, de nouvelles études montrent que la moitié de la clientèle s'en moque comme de sa première chaussette.
  • C'est une réalité que l'on pressentait fortement, mais peut-être pas dans de telles proportions. On savait en effet déjà que près de la moitié (48%) des possesseurs britanniques de vinyles ne les écoutent pas, et que 20% de celles et ceux qui en achètent outre-Manche ne possèdent carrément pas de platine.

    Mais d'après les chiffres publiés par l'institut Luminate Data, qui fournit les chiffres des charts Billboard, ce n'est rien en comparaison de la situation aux Etats-Unis, où seulement la moitié des acheteurs de vinyles interrogés déclarent posséder une platine.

    Une proportion tout bonnement énorme, mais qui s'explique en réalité aisément par la démocratisation accélérée du vinyle, qui touche désormais des catégories nettement moins intéressées par l'idée d'écouter de la musique dans ce format. C'est l'une des révélations d'une autre étude récente menée par la très sérieuse IFPI (Fédération internationale de l'industrie phonographique).

    On y apprend que parmi les raisons les plus courantes pour lesquelles les gens achètent des vinyles, les principales sont le fait "d'aimer posséder physiquement [sa] musique" pour 49% des personnes interrogées, et "d'aimer avoir des disques physiques à regarder" pour 41% d'entre elles. Pire encore : sur les six motivations les plus couramment citées, seules deux ont à voir avec le fait d'écouter les vinyles en question, et même aucune avec la qualité du son !

    Source : IFPI

    Autrement dit, on tient la confirmation que le vinyle est en train de passer d'un support audio premium à un objet de merchandising que beaucoup de fans collectionnent comme des badges pour soutenir leurs artistes favoris ou simplement par syndrome FOMO (peur de passer à côté).

    On peut d'ailleurs rapprocher ce phénomène du revival de la cassette audio et même de la résistance du CD, qui séduisent une Gen Z avide de posséder tous les formats physiques des albums de Taylor Swift, Harry Styles ou Billie Eilish, sans forcément posséder une platine, un walkman et une chaîne hi-fi.

    Pourquoi ce lien avec l'âge est-il important ? Parce que toujours selon Luminate, les membres de la Gen Z sont surreprésentés parmi la clientèle du vinyle (27%) et ils ont aussi 27% de chances en plus d'acheter ce format que le fan de musique moyen.

    Et cette nouvelle génération fait décidément bouger tous les curseurs. Même si elle écoute de plus en plus de vieux artistes, c'est grâce à son importance dans le marché du microsillon que les artistes actuels ont éjecté les plus anciens du top 10 des ventes de vinyles pour la première fois l'an dernier.

    Mais on sait maintenant qu'une grande partie de ces disques ne risquent pas d'être usés par leurs propriétaires. Est-ce vraiment important ? Pour les artistes qui en bénéficient pour contrebalancer les faibles revenus du streaming et les menaces qui pèsent sur les concerts et les tournées, probablement pas.

    Crédit photo : Tima Miroshnichenko

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