Les acheteurs de vinyles écoutent-ils vraiment leurs disques ?

C’est un fait : les ventes de galettes microsillons se portent de mieux en mieux, malgré une spectaculaire hausse des prix qui risque de menacer la croissance du support vinyle. Mais alors que les pratiques d’écoute du public ont été bouleversées par l’arrivée du streaming ces dernières années, les disques achetés sont-ils réellement utilisés ? Selon plusieurs études, rien n’est certain…
  • Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les vieux croulants qui contribuent majoritairement à l’augmentation constante des ventes de vinyles, mais bien les petits jeunes.

    Plusieurs études - comme celle du SNEP, en avril dernier - pointent en effet l'idée que ces derniers représentent grosso modo un peu plus de la moitié des acheteurs de galettes noires. Ou de toutes les couleurs, d’ailleurs.

    Mais quel que soit leur âge, les aficionados du disque microsillon écoutent-ils vraiment leurs précieux achats ? Si cette question se pose, c’est parce que le vinyle a toujours été, et reste plus que jamais, un support contraignant.

    C’est bien sûr ce qui fait son charme, mais on ne peut pas nier qu’il nécessite une installation audio un peu plus complexe et onéreuse qu’une simple enceinte Bluetooth et un smartphone, qu’il doit d’être manipulé – et régulièrement nettoyé – avec beaucoup de soin, et qu’il faut surtout le retourner au moins une fois.

    Et on ne parle pas des problèmes de lecture qui peuvent survenir avec une platine mal ajustée et un disque usé, endommagé ou souffrant d’un défaut de fabrication. Ce qui est loin d’être rare.

    Autrement dit, le vinyle est un objet fragile que l’on ne peut pas sortir dans n’importe quelles circonstances, et c’est visiblement ce que pensent beaucoup de ses adeptes.

    À lire une étude de l’institut ICM Unlimited publiée par la BBC en 2016, on apprend ainsi que près de la moitié (48%) des acheteurs britanniques de vinyles ne les utilisent pas dans le mois qui suit. Si l’on y regarde de plus près, 41% des répondants possèdent pourtant une platine, qui prend donc la poussière, tandis que 7% en sont carrément dépourvus.

    Un chiffre qui a augmenté depuis : selon l’étude annuelle publiée par la BPI (British Phonographic Industry) en 2020, et relayée par le journal The Times, un acheteur de vinyles sur cinq au Royaume-Uni n’a pas la chance de posséder une platine vinyle.

    Plusieurs explications à cette anomalie apparente sont avancées dans l’article du quotidien, comme l’envie très louable de soutenir les artistes que l’on aime avec l’achat d’un album physique qui rapporte infiniment plus que les miettes du streaming.

    Quant aux fans les plus zélés, posséder une voire plusieurs éditions limitées d’un album serait plus important que de l’écouter sur une platine : un phénomène de collectionnite qui n’est pas nouveau et qui n’est d’ailleurs pas propre du tout au milieu de la musique.

    En conséquence, beaucoup de propriétaires de vinyles se "contentent" de les exposer comme des éléments de décoration, en continuant d’écouter leur contenu via le support le plus simple et accessible : les plateformes de streaming.

    Et plutôt que de les juger pour ce choix, nous ferions mieux de nous réjouir de voir ces personnes soutenir financièrement les artistes comme peu de gens le font. Car, il faut le rappeler : malgré sa résurgence, le marché du vinyle reste une petite niche commerciale, pas vraiment grand public.

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