2017 M11 30
L’insurrection qui vient. C’était en 2011. L’Angleterre n’envisageait pas encore le Brexit et Theresay May n’était encore que secrétaire d’État à l’Intérieur. L’époque n’en était pas moins mouvementée, propice à une révolution. Musicale, du moins, à l’image de ce que proposait un groupe comme WU LYF avec ses hymnes torturés et pourtant aussi puissants que fédérateurs, ses messages codés balancés sur les réseaux sociaux et ses clips qui transpiraient l’anarchie, le no future presque.
Il n’en fallait d’ailleurs pas plus pour que des magazines comme Les Inrockuptibles ou Magic classent « Go Tell Fire To The Lountain », le premier album d’Ellery Roberts et ses sbires, à la troisième et à la deuxième place de leurs tops de fin d’année respectifs. T R I U M P H, chantaient les Anglais, et ils avaient visiblement raison.
Se réinventer. Cinq ans après leur séparation, il est donc légitime de se demander où en sont les différents membres de ce collectif intransigeant ? Avec le recul, on peut également s’interroger sur la réelle pertinence de cette formation : l’abattage médiatique autour de WU LYF n’était-il pas un poil trop enthousiaste ? N’a-t-il pas masqué les faiblesses d’écriture d’un groupe et, en définitive, la vacuité de sa démarche révolutionnaire ? À l’exception d’Ellery Roberts, dont le projet LUH, en duo avec sa girlfriend Ebony Hoorn, se veut aussi indigeste sur la forme qu’indigent sur le fond, il faut croire que non.
Pépinière de talents. Dans un tout autre registre, plus pop, voire carrément disco, les trois autres membres ont en effet monté différents projets qui tiennent carrément la route. On pense ici à Los Porcos, dont le Do You Wanna Live, publié en 2013, a brillamment réveillé le fantôme des Bee Gees et continue aujourd’hui de combler notre appétit pour le kitsch et les paillettes. On pense aussi à Ménage à Trois, trio formé par l’ancien batteur Joseph Manning et véritable réserve à pop songs redoutables. On pense enfin à Francis Lung, projet solo monté par le bassiste Thomas McClung dont chaque sortie (rare, on l’avoue) prouve un peu plus à chaque fois le savoir-faire mélodique du bonhomme.
Produit d’une époque. Que manque-t-il alors à ces nouvelles entités pour renouer avec la gloire perdue ? Probablement la fièvre d’une époque, cette fureur dans l’air qui a poussé les gus de WU LYF (c’est valable aussi pour Breton, apparu à la même époque) à refuser le statu quo, à créer une véritable communauté autour du groupe, à transformer chacun de leurs concerts (souvent sold out) en grande messe mystique et à donner l’illusion qu’une révolution était en marche. C’était sans doute le cas, mais le temps a visiblement eu raison de ce souffle insurrectionnel. Comme souvent, finalement.