Pourquoi il faut absolument écouter les Faces B des Strokes

À l'occasion de la sortie du coffret « The Singles - Volume 01 », regroupant les différents 45 tours des Strokes, focus sur les différentes Faces B des New-Yorkais. Pourquoi ? Parce qu'on sait tous que les plus belles histoires s'écrivent dans les marges.
  • When It Started - 2001

    Sorti le 20 juillet 2001, le premier album des Strokes contient un morceau qui passe mal après les attaques du 11 septembre. Après tout, comment un groupe de jeunes gens aisés peut-il se moquer ainsi de ces flics désormais salués par toute la population américaine pour leur courage ? Dès lors, New York City Cops est retiré du tracklisting de la version US, remplacé par un When It Started pensé initialement en soutien à Last Nite, l'un des gros classiques de « Is This It ». Quelques mois plus tard, cette Face B gagne même encore un peu plus en popularité. En cause ? Sa présence sur la B.O. du Spider-Man de Sam Raimi.

    Modern Girls & Old Fashion Men - 2003

    Il faut croire que Julian Casablancas aime confronter sa voix à d'autres songrwritrices. En 2015, on se souvient ainsi de son duo avec Jenny Beth, le temps d'un BOY-GIRL qui explosait les murs d'enceintes. Douze ans plus tôt, c'est aux côtés de Regina Spektor qu'il expérimentait pour la première fois ce mélange sonore. À l'époque, l'association faisait sens. Parce que Regina Spektor et les Strokes partageaient le même producteur (Gordon Raphael). Et parce que l'Américaine assurait alors les premières parties de ces rockeurs new-yorkais en Converse, tout fiers de leur deuxième album (« Room On Fire »).

    C'est d'ailleurs lors de cette tournée, en 2003, que les nouveaux amis ont la bonne idée d'enregistrer Modern Girls and Old Fashioned Men : un single que Julian Casablancas, gentleman avant tout, a souhaité créditer sous le nom « Regina Spektor and The Strokes », et qui finira donc en Face B de l'imparable Reptilia.

    Clampdown - 2004

    Si l'on a beaucoup parlé des Strokes (et des Libertines par la même occasion) comme d'une sorte de renouveau du rock, une forme de tabula rasa électrique, la rage et l'urgence contenus dans leurs albums n'ont jamais caché leur envie de se rabibocher avec les anciennes générations, souvent plus hostiles à la nouveauté. En 2004, les Américains actent cette volonté en plaçant une reprise du Clampdown des Clash en Face B de The End Has No End. Une version live enregistrée à l’Alexandria Palace de Londres, qui fait des Strokes bien plus qu’une bande de branleurs inconscients de l’héritage dans lequel ils s’inscrivent : malgré le succès, ces derniers restent des morveux qui, à l'instar de Joe Strummer &co, semblent pareillement fascinés par ce rock que l'on joue avec morgue et insolence.

    Hawaii - 2005

    Déçus par la réception de « Room On Fire », les Strokes souhaitent renouer avec l'urgence de leur premier album. En 2005, « First Impressions Of Earth » est donc l'œuvre d'un groupe qui muscle son jeu, accueille des guitares plus lourdes qu'à l'accoutumée et met en son une forme de désenchantement. Placé en deuxième position au tracklisting, Juicebox s'oriente ainsi vers une énergie héritée du grunge, une production dense, massive et merveilleusement prolongée par sa Face B, Hawaii, dont les paroles ne laissent que peu de mystère quant à la conscience politique des New-Yorkais.

    Mercy Mercy Me (The Ecology) - 2006

    Par sa nervosité nonchalante et son ironie grinçante, Hawaii clamait haut et fort les préoccupations écologiques des Strokes. Pourtant, au moment d'affronter la catastrophe qui s'annonce, c'est par la fuite qu'opèrent les Américains en s'accaparant les mots d'un autre : Marvin Gaye, en l'occurrence. En 1971, l'Américain se désolait déjà sur Mercy Mercy Me (The Ecology) de voir tout ce pétrole saccager les océans : 35 ans plus tard, en face B de You Only Live Once, Julian Casablancas et sa bande osent s'accaparer ce classique aux côtés de Josh Homme (à la batterie) et Eddie Vedder. Une sorte d'Expendables du rock réunis au nom de la bonne cause. Étonnant que Bono n'ait pas été invité...

    Fast Animals - 2013

    Voilà typiquement le genre de chansons qui, dans quelques années, peuvent s'arracher à prix d'or par les fans les plus acharnés. Présente en face B d'All The Time, Fast Animals n'est finalement qu'une version alternative d'un morceau présent au tracklisting de « Comedown Machine » : Slow Animals. Pas nécessairement ce que les Strokes ont fait de meilleur (à l'image de ce cinquième album !) mais cette version alternative offre un surplus de nervosité et d'intensité qui suffit à sauver la mise. Et à prouver que la formation new-yorkaise, en 2013, n'est pas devenue l'ombre d'elle-même, contrairement à ce que pourrait laisser penser le livret du disque.

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