2018 M04 24
Leave Before The Lights Come On
Un an après la sortie de « Whatever People Say I Am, That's What I'm Not », c'est désormais une certitude : Arctic Monkeys est un groupe de jeunes chiens fous prêts à dompter le spleen à coup de riffs bâtis pour le dancefloor. Sauf que le quatuor de Sheffield semble déjà dans un autre état d’esprit. Alex Turner, du moins : sur Leave Before The Lights Come On, l’Anglais explique en effet qu’il n’est plus ce storyteller de l’Angleterre prolo, celle des pubs miteux où les habitués sont des légendes et les poivrots des poètes ; ce chanteur timide et réservé que l’Angleterre vient d’ériger en nouveau symbole de sa scène rock.
Et, visiblement, il disait vrai, tant « Favourite Worst Nightmare », le deuxième album d’AM sorti en 2007, n’est pas le disque de petites frappes anglaises. Il est celui d’un groupe à l’écriture désormais plus poétique, à la vision du monde plus ouverte et complexe, et au savoir-faire mélodique qui, à la brutalité débordante du premier album, fait place à présent à des nuances plus mélancoliques.
Bad Woman
Quand on connaît l’efficacité de « Favourite Worst Nightmare », quand on sait à quel point la majorité des morceaux imposent définitivement Alex Turner en très fin mélodiste, et quand on entend la naïveté dans le chant dont fait preuve Teddy Picker, il semble impossible d’imaginer que ce single puisse être accompagné d’une B-Side aussi pesante que Bad Woman. C’est pourtant là, dans ces guitares heavy et dans ce chant de crooner de Richard Hawley qu’Arctic Monkeys trace de nouvelles lignes de fuite pour la suite de sa discographie, vouée à s’orienter vers des sons plus rugueux et moins fougueux.
The Bakery
Parce qu’on a fini par comprendre que personne dans le rock actuel, surtout pas Miles Kane ou Jake Bugg qui lui ont tout piqué, ne chante l'amour comme Alex Turner, la beauté poétique dont il nous inflige, le halo mélancolique et féérique dont il nous nimbe, on se dit que The Bakery aurait totalement eu sa place sur « Favourite Worst Nightmare ». Malheureusement, il ne sera qu'une face B du tubesque Fluorescent Adolescent. Sans démérité pour autant : entendre la version acoustique de The Bakery, c'est ainsi anticiper rétrospectivement ce que sera Cornerstone sur « Humbug » : un hymne à la romance.
Sketchead
Cornerstone, justement. Sur l'EP accompagnant la sortie de ce single, on trouve une déflagration de guitares lourdes et de rythmes impétueux sur laquelle tout un tas de groupes de rock aurait basé le succès de leur carrière. Là, ce n'est pourtant que le troisième titre d'un EP, un morceau d'à peine deux minutes et trois secondes censé compenser, par sa rage, sa fougue et sa frénésie, la tendresse mélodique de l’une des plus belles ballades jamais composées par Arctic Monkeys. Au passage, si ça peut annoncer les morceaux qui tapent fort présents sur « Suck It And See », c'est toujours ça de pris.
You’re So Dark
Si le titre de Stop The World I Wanna Get Off With You, placé en face B de Why'd You Only Call Me When You're High ?, renvoie aux premiers singles des Arctic Monkeys (à la fois drôles, longs et descriptifs dans leur intitulé), la B-Side de One For The Road, You’re So Dark, laisse quant à elle entrevoir de nouvelles possibilités pour le futur. Surtout à la lecture de l’interview d’Arctic Monkeys parue récemment dans Mojo. On y apprend notamment que « Tranquility Base Hotel & Casino » était à la base un album solo d'Alex Turner, que le disque a d'abord était composé au piano et qu'il ne s’agira pas d’un album « à guitares ».