2017 M12 20
Sous les spotlights. Au moment de la sortie de « DAMN » en avril dernier, les médias américains n’avaient qu’une idée en tête : découvrir les treize producteurs derrière les sons du dernier album de Kendrick Lamar. Ce qui pourrait passer pour une simple curiosité révèle en réalité l’intérêt croissant porté sur ceux qui subliment (ou non, c’est possible aussi) les rappeurs de notre époque. Bon, il y a encore pas mal d’injustice et beaucoup de boulot pour y remédier, Sonny Digital a d’ailleurs proposé récemment de créer un syndicat pour les producteurs, mais impossible de nier que les producteurs/beatmakers/compositeurs ont vécu une belle année. Sous la lumière aveuglante des spotlights.
En mode conquête. No.ID, à l’origine des beats du dernier album de Jay-Z (« 4 :44 »), est en cela un excellent exemple, lui qui traine ses guêtres dans le milieu depuis le début des années 1990 et qui vient d’être nommé dans la catégorie « Meilleur producteur de l’année » aux Grammy Awards. Mais il est loin d’être le seul.
Entre un Pi’erre Bourne (Playboi Carti, Lil Yachty) qui vient d’entrer en studio avec Drake pour son prochain album et un Metro Boomin qui, après avoir composé deux des plus grands tubes hip-hop de l’année (Mask Off de Future et Bad and Boujee de Migos), est allé frotter ses talents auprès de Lana Del Rey, entre une WondaGurl qui commence à s’imposer tranquillement dans ce milieu supposé testostéroné et un Mike WILL Made-it auteur de l’hymne Humble pour Kendrick Lamar, les noms ne manquent pas lorsqu’il s’agit de répertorier les forces en présence.
Cuvée française. En France, c’est le même topo avec des gars comme Eazy Dew et Ikaz Boi, derrière les plus grosses sorties de l’année (Josman, Isha, Damso, Hamza). Certains producteurs sont même très clairement associés aux rappeurs : on pense ici à Oster Lapwass, auteur de « Requiem/Nativité » aux côtés de Lucio Bukowski, ou Clément d’Animalsons, à l’origine de la bande-son de Tueurs. On pense aussi à Myth Syzer, qui a encore couché la concurrence cette année (des prods hip-hop pour Ichon, des tubes pop en solo et un mix romantique pour accompagner l’été), et à Danny Synthé qui a été retenu comme l’un des quatre jurés de la Nouvelle Star. Comme quoi, MC Solaar avait raison : les temps changent.