

10 ans après son "Leave Britney alone !", Chris Crocker va beaucoup mieux
2017 M09 13
On ne se souvient pas forcément de son nom, mais de sa performance, oui. Le 10 septembre 2007, Chris Crocker pleurait pour son idole dans une vidéo passée à la postérité, inventant presque à lui tout seul les réseaux sociaux.
Oops. Il faut d’abord se remettre dans le contexte de l’époque. Nous sommes en 2007 et Britney, l’ex girlfriend de l’Amérique, est un peu au bout du rouleau. Usée par l’industrie qui l’a transformée en poupée parlante, Britney, dans sa vie privée, se bat pour récupérer la garde de ses enfants après une séparation houleuse, se fait tondre le crâne sous l’œil médusé des paparazzis puis apparaît, complètement hors de forme et dansant comme une momie aux MTV Video Music Awards. On dirait presque Michael Jackson, même époque, en pire.
Martyre du web. Quelque part en Amérique, le 10 septembre 2007, un fanboy anonyme souffre en silence. Puis allume sa caméra (les iPhone n’existent pas encore vraiment). Presque en direct, l’homme apparaît maquillé sur YouTube, habillé comme un Kurt Cobain complètement drama, criant à la face du monde son amour pour la chanteuse, sa haine du bloggeur Perez Hilton et, surtout, souhaitant qu’on foute la paix à sa chanteuse préférée. Jusqu’au final, devenu depuis une réplique culte : « Leave Britney alone ! » En quelques heures, la vidéo devient un buzz mondial. Peut-être même le premier de la pop culture, à l’heure du streaming. À peine publié, le dénommé Chris Crocker subit toutes les maltraitances que les pires haters n’auraient pas souhaitées à leurs pires ennemis.
Réveil gueule de bois. Après une douloureuse mais nécessaire séance de démaquillage, Chris le fan entame une logique traversée du désert. Comme pour la chanteuse, ça va être long pour remonter la pente. Après être rentré chez ses parents, dans le Tennessee, tout le monde s’attend à ce que le premier homme-GIF calme un peu le jeu. C’est raté : Chris Crocker débute une carrière dans le porno gay (?!) puis, parce qu’il n’est plus à un mimétisme prêt – Britney a aussi réalisé des sextapes – se met à la chanson. Le résultat sera aussi catastrophique que le nom du morceau qui suit.
He dit it again. En faisant l’impasse sur la tonne de singles publiés depuis presque 2008, on en arrive fatalement à la grande question : « Bon, ça va mieux Chris ? » En fait, il semblerait que oui. S’il assume son geste du 10 septembre 2007, Chris semble avoir pris un peu de plomb dans la cervelle. En témoigne son tweet anniversaire du 10 septembre 2017, début d’une grande confession sur lui-même et aussi, un peu, sur les autres.
— Chris Crocker (@ChrisCrocker) September 10, 2017
Petite barbe de rigueur, cheveux coiffés et regard hystérique rangés dans la boite à gant, Chris balance alors toute une série de tweets pour non seulement expliquer son geste, mais aussi expliquer en quoi il a finalement été bénéfique pour lui et, globalement, pour la cause LGBT.
« Cette année-là, ma mère luttait contre ses addictions et était devenue une sans-abri après avoir servi pour notre pays en Irak. Les difficultés dans ma vie familiale me mettaient sur la défensive dès que je voyais une femme traverser une période difficile. » (Tweet du 10 décembre 2017)
Tout est bien qui finit bien (ou pas). Dans une autre vidéo, Chris apparaît encore une fois comme un garçon « normal » (qu’est-ce que la normalité finalement), puis livre un mode d’emploi à tous ceux qui, comme lui, balancent trop rapidement des vidéos sur les réseaux sociaux. En attendant qu’il se fasse engager comme coach digital par Kanye West (si seulement…), une bonne morale à cette histoire qui se conclut à l’américaine: c’est sûrement un hasard, mais Chris Crocker a justement publié, fin août, un nouveau single. On vous laisse deviner le nom : What if.
À l’heure actuelle, le morceau n’a été écouté que 4319 fois sur Spotify. Loin, très loin, derrière les 3 millions de vues de la vidéo qui l’a fait connaître. C’est pas toujours facile de réussir son come-back, et c’est pas Britney qui va dire le contraire.