2023 M10 19
Les fans de Britney connaissent surement cette date par cœur : le 16 février 2007, l’interprète de Oops! I did it again s’apprête à faire quelque chose qu’elle n’a, pour le coup, jamais fait auparavant. Dans ce qui ressemble à un pétage de plomb intégral faisant suite à sa séparation d'avec Kevin Federline, l’Américaine déboule en pleine nuit chez un coiffeur et rase l’intégralité de sa chevelure blonde sous le regard éberlué de dizaines de paparazzis prêts à immortaliser l’événement. Un fait anecdotique dans l’histoire de la pop culture ? Pas vraiment. C'est le début d'une période très compliquée pour Spears : une tutelle organisée par son père et un gang d'avocats, limitant chacun de ses faits et gestes, mais aussi la naissance d'un mouvement de soutien illustré, mieux qu'aucun autre, par l'une des premières vidéos à devenir virale sur YouTube : le célèbre "Leave Britney alone" de Chris Crocker.
Désormais libre de ses mouvements, depuis l'ordonnance du 12 novembre 2021 estimant que la tutelle était abusive, Britney Spears semble vivre une seconde vie. Pas forcément la meilleure, au regard de ses déboires depuis 2 ans, mais au moins une liberté retrouvée; la publication imminente de son autobiographie The Woman in Me en attestant. Attendu depuis plusieurs mois, le livre promet un règlement de compte dans les grandes largeurs. Et des extraits intelligemment partagés à la presse permettent de mieux comprendre, à rebours, la décision de 2007, quand la chanteuse décida de passer un énorme coup de tondeuse :
«J'ai tellement été regardé en grandissant... J'ai été dévisagée de haut en bas, les gens me disaient ce qu'ils pensaient de mon corps depuis que j'étais adolescente [...] Me raser la tête à été ma manière de manière de repousser tout cela".
La tondeuse comme un acte de rebellion, pour résumer. Mais qui n'aura pas l'effet escompté, puisque Spears s'incarcèrera sans le savoir dans une prison pendant 13 longues années. C'est alors le début d'une tutelle où la chanteuse doit justifier chacune de ses sorties et gober quotidiennement moult médicaments destinés à régler ses humeurs (et éviter un nouveau pétage de plomb présumé). L'objectif dissimulé par son entourage : ne pas ruiner la fortune sur laquelle tout ce beau monde est indirectement assis. Et Britney de rajouter, dans ses mémoires :
"Pendant cette tutelle, on m'a fait comprendre que ces jours [de liberté] étaient désormais révolus. J’ai dû laisser pousser mes cheveux et me remettre en forme. J’ai dû me coucher tôt et prendre les médicaments qu’ils m’ont dit de prendre. Je suis devenue un robot. Mais pas seulement un robot, une sorte d'enfant-robot. [...] La tutelle m'a dépouillé de ma féminité. [...] Je repense maintenant à mon père et à ses associés qui ont eu le contrôle de mon corps et de mon argent pendant si longtemps et cela me rend malade... Pensez au nombre d'artistes masculins qui ont mis tout leur argent au jeu ; combien avaient des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale ? Personne n’a essayé de leur retirer le contrôle de leur corps et de leur argent. Je ne méritais pas ce que ma famille m'a fait".
My story is yours October 24th… #TheWomanInMe https://t.co/ifGb83HMHq pic.twitter.com/ogCcVgy38r
— Britney Spears 🌹🚀 (@britneyspears) October 15, 2023
A sa manière, et même si ses plus grands tubes sont désormais très loin, Britney Spears est donc devenue un modèle de résilience, à la fois pour ses fans mais aussi pour les artistes féminines des années 2010 et 2020. En supportant l'insupportable pendant 13 ans, en acceptant de se dé-féminiser pour stopper l'obsession des médias pour son physique puis en libérant sa parole 16 ans plus tard pour reprendre le contrôle de sa vie artistique, Britney marche désormais dans les pas de Madonna et quelques autres, et prouve qu'aucune femme ne mérite que sa carrière soit gérée par le patriarcat.
Dans le cas de l'Américaine, il aura fallu hélas passer par une séance pénible chez le coiffeur. Peut-être la plus douloureuse de l'histoire de la pop.
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