Au tribunal, Britney Spears confirme être sous l'influence toxique de son père depuis 13 ans

#FreeBritney. C'était depuis plusieurs mois l'une des rumeurs les plus persistantes d'internet, elle est désormais confirmée. Lors d'une audience devant un tribunal de Los Angeles le 23 juin, la chanteuse américaine a confirmé être emprisonnée psychologiquement par son père, en charge de sa tutelle depuis 2008. Et les révélations faites par Britney Spears, 39 ans aujourd'hui, sont glaçantes.
  • Mercredi 23 juin au soir, un sujet a généré en France plus de discussions sur Twitter que le match de l'Euro opposant la France au Portugal. Et toutes portaient le même hashtag : #FreeBritney. Anecdotique, l'affaire qui occupe les médias américains depuis plusieurs mois ? Plus si sûr. Suite au témoignage le même mercredi devant un tribunal pendant 20 petites minutes, l'héroïne du début des années 2000 a suscité pas moins d'un million de tweets; preuve que l'affaire qui l'oppose en sourdine à son père, Jamie Spears, ainsi qu'aux personnes en charge de son "management", est devenu un sujet de société. En trame de fond, c'est la manipulation d'une artiste par ceux qui étaient censés protéger ses intérêts qui se joue, à ciel ouvert. 

    Pour mieux comprendre ce qui a poussé Britney Spears a finalement témoigné contre son père, il faut remonter à 2007, année où tout a basculé pour l'interprète de Toxic ou Overprotected (le nom des titres était déjà un indice, avec le recul...). Tout le monde se souvient de cette scène où Britney, à bout de nerfs, fonce en pleine nuit dans un salon de coiffure pour se faire raser le crâne devant l'objectif de centaines de photographes, avant de les frapper à coups de parapluie. Britney est déjà à bout, ruinée mentalement par presque une décennie de notoriété mondiale (Baby One More Time est sorti en 1998, aux débuts d'Internet). Moralité : elle perd la garde de ses enfants, tombe dans la dépression, doit suivre un traitement et être mise sous la tutelle de son père pour l'ensemble de ses prises de décision, allant - on l'apprend aujourd'hui - de la couleur des placards pour une cuisine au choix des personnes qu'elle peut voir dans sa vie personnelle. Tout cela en ayant vendu plus de 200 millions d'albums. 

    Treize ans plus tard, et grâce notamment au documentaire Framing Britney Spears diffusé en février 2021, une résistance sourde lentement s'organise. Les millions de fans, d'abord, repèrent sur le compte Instagram de la chanteuse des indices de son désarroi. Puis viennent finalement les révélations de Britney, devant le tribunal ce merdredi 23 juin, qui sonnent comme des accusations très claires sur ceux qui l'ont réduit à une esclave, comme dans sa chanson. 

    "Je ne suis pas ici pour être l'esclave de qui que ce soit" déclare d'emblée l'Américaine, avant de rajouter avoir subi les mêmes traitements que si elle évait l'objet d'un "trafic sexuel". Déclarations disproportionnées ? Attendez d'avoir lu la suite : forcée à tourner intensément sous peine de poursuites par ses propres avocats, obligée à porter un stérilet car ses "tuteurs" refusaient qu'elle ait de nouveaux enfants, Britney a également été forcée à suivre des thérapies qui n'ont fait qu'empirer son état, à la manière d'Elvis traité comme une vulgaire machine à cash (avec les conséquence qu'on connaît). Par moments, six infirmières sont à résidence pour administrer des soins a priori pas nécessaires pour la chanteuse de 39 ans, dans l'impossibilité de se déplacer à sa guise ou de voir ses enfants si elle n'obéit pas à son père. 

    Treize ans après le début de cet emprisonnement, la chanteuse semble avoir trouvé la force de dire non à son agresseur, et ce fait a priori divers s'inscrit parfaitement dans une époque de libération de la parole des femmes. Jamie Spears, pour sa part, maintient ne vouloir que le bien de sa fille, et l'aimer plus que tout. Les propos de Britney, eux, sont beaucoup plus francs du collier : "Mon père et toutes les personnes impliquée dans ma tutelle et mon management devraient être en prison, je n'ai rien fait pour mériter ce traitement [...] je voudrais honnêtement poursuivre ma famille en justice, j'aimerais aussi pouvoir partager mon histoire avec le monde et ce qu'ils m'ont fait, au lieu que ce soit un secret. [...] J'ai été tellement en colère... je pleure tous les jours".

    Des propos qui, étonnamment, résonnent avec la célèbre vidéo publiée en 2007 par un fan de Britney, en pleurs, après le dérapage de son idole, et intitulée Leave Britney alone. Il semble qu'en 2021, le vent ait tourné. Une nouvelle audition est prévue en juillet, et pas sûr que cette fois son père puisse dire "oops I did it again".

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