Cinq chansons qui prouvent que Bob Dylan mérite son Prix Nobel

  • On lui a souvent reproché d’écrire des morceaux à la signification obscure, mais Dylan sait aussi écrire et parler droit au cœur. Protest song, chanson d’amour, hymne universel : cinq exemples significatifs qui justifient son Prix Nobel de littérature.

    The Lonesome Death Of Hattie Carroll, 1964

    En V.O. : William Zanzinger killed poor Hattie Carroll With a cane that he twirled around his diamond ring finger / At a Baltimore hotel society gath’rin‘.’

    En V.F. :
    « William Zanzinger a tué la pauvre Hattie Carroll / Avec une canne qu’il fit tournoyer autour de son doigt à la bague en diamants /Au cours d’une soirée de la haute société donnée dans un hôtel à Baltimore. »

    Le commentaire de texte : Dylan a écrit bien d’autres protest song, de Blowin In The Wind à Hurricane, mais cette chanson inspirée d’un fait divers (une femme de ménage noire, mère de neuf enfants, avait été tuée par un propriétaire blanc qui, au final, n’avait fait que six mois de prison) arrive à combiner la simplicité et la limpidité, tout en étant acide et accusatrice.

    Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again, 1965

    En V.O. : « Well, Shakespeare, he’s in the alley / With his pointed shoes and his bells, / Speaking to some French girl, Who says she knows me well. »

    En V.F. : « Shakespeare est dans une ruelle. Avec ses chaussures pointues et ses cliches / Parlant à une Française qui dit bien me connaître. »

    Le commentaire de texte : Que faire quand on est loin de ceux qu’on aime dans une ville nommée Mobile, en Alabama ? On imagine une ritournelle rock, électrique et blues à la fois, où l’on raconte tout et n’importe quoi en alignant les références (socio)culturelles.

    Forever Young, 1974

    En V.O. : « May your hands always be busy / May your feet always be swift / May you have a strong foundation / When the winds of changes shift / May your heart always be joyful / May your song always be sung / May you stay forever young. »

    En V.F. : « Puissent tes mains toujours rester affairées / Puissent tes pieds toujours rester rapides / Puisses-tu compter sur des bases solides / Quand les vents annonceront les changements / Puisse ton cœur toujours rester joyeux / Puisse ta chanson toujours être chantée / Puisses-tu rester jeune à jamais. »

    Le commentaire de texte : Dylan déclara l’avoir écrit pour son fils, mais ce morceau est l’un de ses plus fédérateurs. En pleine gueule de bois post Summer of Love, Dylan remet la fièvre de la jeunesse au goût du jour, rappelant toutes les avancées de la décennie précédente. The Times, They Are A-Changing.

    Sara, 1976

    En V.O. : « Sara, Sara / Loving you is the one thing I’ll never regret / I can still hear the sounds of those Methodist bell / I’d taken the cure and had just gotten through / Staying up for day in the Chelsea Hotel / Writing « Sad-Eyed Lady of the Lowlands » for you. »

    En V.F. : « Sara, Sara : Je ne regretterai jamais de t’aimer / J’entends encore les cloches de l’église méthodiste / J’avais pris le remède et je venais juste de guérir / Pendant les jours passés au Chelsea Hotel / Alors que j’’écrivais « Sad Eye Lady of the Lowland » pour toi. »

    Le commentaire de texte : la plus belle chanson d’amour de Dylan. Il l’a écrite pour son ex-femme Sara, avec qui il éleva cinq enfants. En remontant le fil du temps, des nuits d’amour aux rires des enfants sur la plage, il retrace un amour et laisse deviner sa dissolution.

    Tempest, 2012

    En V.O. : « The night was black with starlight / The seas were sharp and clear Moving through the shadows / The promised hour was near. »

    En V.F. :  « La nuit était noire avec la lumière des étoiles / Les mers étaient hautes et dégagées/ Avançant à travers les ombres/ L’heure promise était proche. »

    Le commentaire de texte : Pour son 35e album studio, Dylan s’offre le luxe d’un long poème musical où il raconte le naufrage du Titanic en trouvant le moyen, comme d’habitude, de souligner la faiblesse et la lâcheté de l’homme, surtout face à l’adversité. Quatorze minutes épiques, dans tous les sens du terme et qui peuvent faire froid dans le dos.

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