Le jour où la police a arrêté Bob Dylan parce qu’il ressemblait à un clodo

En 1988, Bob Dylan se lance dans un projet complètement fou : le Never Ending Tour. Comme son nom l’indique, le chanteur part pour une tournée sans fin à travers le monde. Vingt ans plus tard, l'Américain joue à Lakewood et la veille du concert, le tourbus du musicien s’arrête dans la petite ville de Long Branch, située à 30 minutes de Lakewood. Au milieu de la nuit, il décide de quitter son car pour aller se promener. Mais sa randonnée va être interrompue par un léger contretemps : une patrouille de police qui ne l’a pas reconnu.

En se baladant dans Long Branch, Dylan, âgé de 68 ans, tombe sur une pancarte “à vendre” devant une maison. Intrigué, il avance donc vers l’habitation pour regarder de plus près. De l’autre côté des murs, les propriétaires ne comprennent pas ce qu’un vieil homme fait dans leur jardin, sous la pluie et au milieu de la nuit. Ils appellent immédiatement la police pour signaler la présence d’une personne suspecte dans leur propriété. C’est là que l’agent Kristie Buble entre en scène. La jeune flic de 24 ans se trouve alors au coin de la fameuse rue où Bob Dylan se promène et elle prend en charge l’affaire. Au moment de l’interpellation, la policière ne le reconnaît pas. Mais comme tous les Américains, elle a déjà entendu parler de Bob Dylan, donc lorsqu’elle demande son nom à cet inconnu et qu’il lui répond, elle est stupéfaite. 

“J'ai vu des photos de Dylan plus jeune et il ne ressemblait pas du tout à Bob Dylan pour moi. Il portait un pantalon de survêtement noir rentré dans des bottes de pluie ainsi que deux imperméables avec la capuche rabattue sur sa tête”, témoigne l'agent pour ABC News. Dès lors, le chanteur est embarqué dans une voiture de police puis questionné quant à sa présence en ville. Il répond calmement qu’il est en tournée dans tout le pays. Pour Kristie Buble, cette histoire ne tient pas debout. Manque de bol, Dylan n’a pas de carte d’identité sur lui… “Il agissait de façon très suspecte. Il n’était pas délirant, mais juste méfiant. Vous savez, il pleuvait à torrents.”

Mais comment un musicien ayant vendu plus de 125 millions d’albums dans le monde ne s’est-il pas fait reconnaître par la police dans son propre pays ? Il faut dire qu’au moment des faits, Dylan n’a plus le même âge qu’au top de sa carrière et n'a plus vraiment la même gueule non plus. D’ailleurs, même une fois assis dans la voiture de police, l’agent ne le croit toujours pas. Elle est persuadée qu’il s’agit d’un canular. Pour démêler le vrai du faux, elle l’emmène sur le parking de l’hôtel dans lequel il dit résider. Buble y retrouve son supérieur à qui elle explique la situation : “Je suis sortie de ma voiture et j'ai dit : ‘Sergent, ce type dit qu'il est Bob Dylan’. Il a ouvert la portière de la voiture, a regardé à l'intérieur et a dit :  "C'est pas Bob Dylan."

Avant de le mettre en garde à vue, la policière se rend au parking où est stationné le bus du musicien. En frappant à la porte, un homme lui ouvre. Après demande de Buble, il lui tend le passeport d'un certain "Bob Dylan". Le musicien est enfin relâché et reçoit un “Passez une bonne journée” gêné de la part de l'agent avant qu’elle ne fasse demi-tour.

Incroyable mais vrai : ce jour-là, Dylan s’est fait arrêter par la police alors qu’il n’était qu’à quelques blocs de l’ancienne maison de Bruce Springsteen dans laquelle il a écrit l’album “Born To Run”. L’auteur de Like A Rolling Stone était-il en train de chercher la demeure de son vieil ami ? On ne le sera sûrement jamais.