Iggy Pop et la France, une histoire d’amour depuis 50 ans

Alors qu’il vient de fêter ses 75 ans et qu'il sera bientôt à l'affiche d'un documentaire inédit sur CANAL+, Iggy Pop est toujours debout. Le voilà même lancé, après 2 ans et demi loin de l'Europe, dans une nouvelle tournée française, et avec un groupe français. La nouvelle page d’une fidèle et profonde histoire d’amour entre notre pays et Iggy.
  • La France, terre d’exil des rockstars ? De Keith Richards à Pete Doherty, c’est sur nos terres qu’ils viennent se ressourcer, loin des excès. Et Iggy Pop ne fait pas exception, lui qui déclarait en 2009 au Parisien : « J’ai toujours eu des liens très forts avec votre pays. J’adore le fromage : un bon gruyère ou tous les chèvres possible. Et le vin bien sûr, les bordeaux, j’ai un petit récoltant super à Margaux ». Oui, sauf qu’avec lui, ça va plus loin que ça. Toujours debout, l’Iguane démarre ce 4 mai une tournée française avec pas moins de 12 dates jusqu’au 25 mai, sans compter sa venue dans des festivals d’été. Et son groupe comporte plusieurs musiciens de jazz français. C’est tout sauf une anomalie : Iggy aime la France. Qui le lui rend bien, puisqu’il a été fait chevalier puis commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, respectivement en 2003 et 2017.

    Il faut dire que le pays a été celui de sa renaissance. Durant les années 70, Iggy est en pleine déroute après la fin des Stooges. Un Bowie en crise identitaire le prend dans ses bagages direction Hérouville et son mythique studio. Enfin loin des excès, les deux musiciens posent les bases du post-punk avec deux albums majeurs : « Low » pour Bowie, « The Idiot » pour Iggy. Il faut croire que ce dernier en a profité pour s’initier à la culture locale. Car dès 1977, on le voit s’exprimant dans un français honnête dans l'une des plus glorieuses séquences de télévision de l’hexagone, auprès d’un Yves Mourousi complice. Maquillé, torse nu (évidemment), chaussé de geta japonaises, prêt à chauffer le présentateur, Iggy y est merveilleusement lunaire.

    Les graines étaient plantées, elles germeront dans les années 2000. Dès le début du millénaire, on l’entend en duo avec Françoise Hardy le temps d’un titre. Mais surtout, il publie en 2009 et 2012 deux véritables lettres d’amour à la culture française. D’abord « Préliminaires », album inspiré du roman « La Possibilité d’Une Île » de Michel Houellebecq. Une admiration probablement réciproque, puisqu’ils s’associent devant la caméra en 2016 dans le film Rester Vivant : Méthode, improbable « feel good movie sur la souffrance », adapté d’un essai du romancier.

    Mais le sommet de l’union entre Jim Osterberg et la France se situe dans le disque « Après ». En dix titres, et autant de reprises, Iggy s’attaque à pas moins de cinq standards de la chanson française. Gainsbourg, Piaf, Dassin, Salvador et Brassens, il les reprend avec son accent et sa voix caverneuse. Et si l’entendre chanter Syracuse ou La Vie En Rose a de quoi faire rire le bon français, il faut reconnaître qu’Iggy aborde ces reprises avec une sincérité totale. Pas inoubliable, mais vraiment touchant. Depuis, il revient régulièrement à la langue de Molière, que ce soit en 2020 pour une version française du titre No Flag d’Elvis Costello, ou en 2021 auprès de la jeune Clio et son Appartement. Et il n’y a pas à dire, notre langue coule d’une façon unique entre ses lèvres.

    Quant à son rapport à la télévision française, il est toujours aussi fécond. On se souvient des apparitions d’Osterberg dans de multiples publicités pour SFR, les Galeries Lafayette, Paco Rabanne, ou bien sûr Le Bon Coin. Sans toucher au sublime de son apparition chez Mourousi, elles ont su marquer le jeune public. Sans oublier le générique du dessin animé Les Zinzins de l’Espace, composé en quelques heures.

    On en oublierait presque sa présence dans le cinéma français. Vocalement, d’abord, dans la version anglaise du film Persepolis (c’est d’ailleurs à sa réalisatrice Marjane Satrapi qu’on doit la pochette de « Préliminaires »). Mais aussi en chair et en os, en conscience d’un clown joué par Denis Lavant dans L’étoile du jour en 2012, ou dans son propre rôle face à Alain Chabat dans Les Gamins en 2013. Tout est bon pour venir en France. Et s’il n’y a jamais vécu, peut-être viendra-t-il y finir ses jours. Le plus tard possible, évidemment.

    Toutes les dates de la tournée française d'Iggy Pop au mois de mai ? C'est par là.

    Et, à partir du 16 mai sur myCANAL, retrouvez "Tell me Iggy", un documentaire inédit dans lequel l'Iguane nous ouvre les portes de son intimité pour retracer ses 50 ans de carrière. 

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