Xavier Veilhan raconte Studio Venezia, son projet dingue avec Eno et Nigel Godrich

  • Sélectionné pour représenter la France à la Biennale de Venise, Xavier Veilhan a eu une idée folle : concevoir un studio d’enregistrement avec l’aide de Brian Eno et Nigel Godrich où se succéderont 80 musiciens parmi lesquels Seb Tellier, Chassol ou Flavien Berger. Juste avant la diffusion sur Canal Plus d’un docu retraçant l’évolution du projet, le plasticien surdoué nous a tout expliqué.

    C’est un pari fou, mais bien réfléchi. Xavier Veilhan, 54 ans, a toujours eu une relation forte avec la musique. Il a collaboré avec Nicolas Godin du groupe Air ou encore les Daft Punk, dont il a fait le portrait à visage démasqué. Maintenant, imaginez la scène : vous entrez par hasard dans un studio où sont disposés des instruments qui appartiennent à Nigel Godrich (ingénieur du son pour Radiohead, Roger Waters) et ceux empruntés au Musée de la musique de Paris  qui retrace l’évolution des synthétiseurs , et vous voyez Sébastien Tellier ou Brian Eno composer en toute tranquillité, devant vous. Irréel ? Ce lieu, baptisé « Studio Venezia », se veut comme un endroit où la musique est libre. En direct de Venise, le Français revient sur sa création.

    Xavier, pourquoi ce choix d’un studio de musique ?

    C’est l’aboutissement de plusieurs expériences précédentes. Le but, c’est d’être dans l’endroit où la musique se crée, là où elle est en mouvement et non figée. L’idée c’est de permettre aux gens d’avoir accès à ces moments-là, où la musique n’est pas programmée. Au final, dans la manière dont on consomme la musique, il n’y a que très peu de moments où l’on est vraiment pris par surprise. Et je pense que l’émotion est plus forte quand on est pris par surprise.

    « Je suis le plus grand fan de Sébastien Tellier. »

    De quelles manières Brian Eno et Nigel Godrich ont participé à la conception du studio ?

    Nigel Godrich m’a expliqué pas mal de choses sur la conception du studio, il m’a mis en garde sur les formes, sur l’orientation des équipements qui peuvent changer la coloration de la musique. Avec Brian, on a surtout parlé de la manière d’enregistrer. C’était un peu inattendu de parler avec quelqu’un de son envergure. Avant de le rencontrer, c’était une entité qui survolait la musique. En fait, il a une approche assez pragmatique.

    Est-ce que l’idée d’un documentaire pour montrer les coulisses a un lien avec ce projet artistique ? L’idée de capturer un moment et de montrer ce que, d’ordinaire, on ne voit pas.

    Quand on rentre dans le pavillon, on ne se rend pas compte de tout ce qu’il y a derrière ainsi que tout le travail effectué en amont. C’est intéressant de voir la genèse du projet, les difficultés, les manières d’avancer. Le documentaire est un parallèle avec la manière dont les musiciens travaillent dans le studio. Le but, c’était de faire un film qui soit ouvert à tout public et pas focalisé sur l’objet artistique.

    Dans le docu, vous dites être fan de certains des artistes qui vont venir à Venise. Lesquels ?

    Je suis le plus grand fan de Sébastien Tellier. Pour lui et certains autres artistes, ce sont des gens dont j’ai d’abord admiré le travail avant de les rencontrer en personne. J’aime aussi beaucoup Christophe Chassol, Nicolas Godin du groupe Air. Ensuite, il y a des gens dans la musique comme Marc Tessier Du Cros du label Records Makers. Ce sont des music lovers et ils ont un rapport à la musique que j’aime.

    Est-ce qu’il y a un artiste que vous rêveriez voir arriver dans le studio ?

    On s’est rendu compte qu’il manque une forme de musique : celle du groupe de rock. J’en ai écouté plus jeune et j’adore Nirvana et les Clash. Donc pour les deux (Kurt Cobain et Joe Strummer), ça va être difficile de les faire venir !

    Le pavillon sera ouvert jusqu’au 26 novembre, à Venise. Plus d’informations ici. Suivez Xavier sur Instagram ici. Le documentaire Le Pavillon De Xavier Veilhan sera diffusé le lundi 3 juillet sur Canal Plus à 22h40.

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