2017 M10 27
Avec son premier album « Mélancolie Heureuse », Timothée Duperray prouve qu’on peut faire de la chanson française avec un swag certain, sans respecter les cases des genres musicaux. « Je n’ai pas vraiment de modèle musical, dit-il. J’aime les artistes authentiques, sincères dans leur création. Ceux qui prennent des risques, à l’écart du snobisme et de ce qui fait parfois consensus, à l’image de Kanye West, Childish Gambino, Mac Demarco, George Moustaki, les Daft Punk… Ils sont entiers, et c’est peut-être ce qui me touche le plus chez un artiste. » Pour Jack, Tim Dup explique les cinq artistes, chacun représentant un genre musical bien précis, qui ont façonné son univers.
Frédéric Chopin
« C’est par le piano que j’ai commencé. Je ne suis pas allé au Conservatoire car j’étais trop flemmard et j’aurais été capable d’arrêter la musique, mais j’ai tout de suite adoré la relation avec cet instrument. Chopin était un mélodiste très fort, avec un côté à la fois minimaliste et sublime. Il m’a transmis l’amour de la topline au piano – avec lequel je compose, depuis toujours. »
« Gainsbourg, je l’ai compris tout de suite. »
Serge Gainsbourg
« De la chanson française, j’ai hérité le fait de raconter des histoires qui touchent tout le monde. Mon père en écoutait beaucoup quand j’étais petit, j’aimais aussi mais, dans le cas de Brel ou de Barbara, j’ai dû revenir plus tard sur leurs œuvres pour pleinement les saisir. Alors que Gainsbourg, lui, je l’ai compris tout de suite : il y a chez lui une forme de simplicité, de liberté, un vrai non respect des frontières… En plus de sa gueule singulière qui me fascinait ! »
The Beatles
« Je les ai énormément écoutés enfant. Leur côté mélodique m’a toujours plu, et puis cette aisance insolente à faire des chansons, comme si elles ne pouvaient être autrement. Mon album préféré : « Abbey Road », le plus mélancolique. Le sentiment qui me touche sans doute le plus. Encore aujourd’hui, je ne m’en lasse pas… Les Beatles, c’est la quintessence de la pop. On est plus dans le groove, le chant et la performance que dans l’histoire. »
Daft Punk
« L’électro, c’est la bande-son de mes premières soirées et de mes premières cuites. J’y suis venu grâce à « Discovery ». J’aime le fait que les Daft Punk soient des robots élégants, sapés en smoking, comme leur apparition aux Grammy Awards. C’est hyper classe, mais c’est la teuf ! Veridis Quo est le morceau qui m’a le plus impressionné, mon amour du minimalisme oblige. Dans le métro ou en club, ça t’ambiance direct. »
Kanye West
« Le hip-hop, c’est l’urgence, parfois la violence, le métissage. Et c’est pour cette raison que le rap est si populaire aujourd’hui. Ma génération a grandi sans se préoccuper des étiquettes. Le hip-hop rassemble, investit la rue comme les mentalités. J’ai beaucoup écouté Oxmo Puccino et le rap français dont je me suis inspiré pour le côté sociologique, mais Kanye est l’OVNI ultime. J’aime le côté perché de « Yeezus » ou l’émotion de « The Life of Pablo ». Il se permet beaucoup, il dérange tout autant, et ça, ça me plaît. Quant à l’Auto-Tune qu’on lui a souvent reproché, je l’utilise sur « Mélancolie heureuse ». C’est formidable de l’utiliser comme un instrument vocal, de pousser la justesse à son paroxysme afin de créer des nouveaux sons. C’est ça, la musique du présent. »
« Mélancolie heureuse » vient de sortir chez Sony.