The Bad Plus est bien plus qu’un groupe de jazz

  • Classé dans le jazz, mais influencé par le rock et la pop, The Bad Plus s'amuse depuis le début des années 2000 à déconstruire la musique populaire. On a rencontré le trio de Minneapolis pour nous décrypter tout ça.

    Anti-jazz. Voilà dix-sept ans que The Bad Plus existe et Dave King, le batteur de la bande, ne cache pas sa fierté. Surtout au sein d’un paysage jazz qui consacre généralement une personnalité plutôt que le trio, le quatuor ou le quintet qui l’accompagne. Ici, c’est donc tout l’inverse : « On a vraiment réussi à se forger une identité de groupe, un son qui ne peut fonctionner que si on est réunis tous les trois. Parce qu’on se connaît parfaitement depuis tout ce temps, mais aussi parce qu’on partage des références communes. »

    Reprises. Ces références évoquées par Dave King, on a fini par les comprendre avec le temps : elles viennent de la musique populaire. Depuis son premier album en 2001, The Bad Plus ne cesse en effet de reprendre des standards de la pop et du rock : Smells Like Teen Spirit de Nirvana, Iron Man de Black Sabbath, Heart Of Glass de Blondie, tous ont été « reliftés » par ces trois gars de Minneapolis.

    Par manque d’inspiration ou parce qu’ils rêvent, au fond, d’être les pop-stars de notre époque ? « Non, répond dans les deux cas Dave King, qui en profite pour expliquer sa réaction. C’est juste que le jazz s’est toujours inspiré de la musique populaire pour avancer et surprendre. On ne se voit pas continuellement reprendre les mêmes standards de jazz, on a besoin de se confronter à ce qui fait de plus populaire. C’est pour ça qu’on a repris Time After Time de Cyndi Lauper sur scène à Montréal. Cette chanson est superbe, Miles Davis l’avait déjà réinterprétée et on voulait proposer notre version. »

    Jazz libre. Ce titre, on le retrouve d’ailleurs sur le dernier album de The Bad Plus, « It’s Hard », sorti en 2016. Un disque qui, une fois encore, s’éloigne du classicisme propre au jazz et se veut presque inclassable avec ses reprises tout en subtilité de Prince, Johnny Cash, TV On The Radio ou Ornette Coleman. « On nourrit l’ambition, assez simple, de proposer quelque chose d’unique, que personne n’a jamais entendu, avance Dave King, avec calme et pragmatisme. Même si on ne se limite pas qu’à ça, toutes ces reprises sont un moyen pour nous de surprendre. Un peu comme ce que l’on a proposé lors du Festival International de Jazz de Montréal avec trois concerts différents pendant trois soirs. L’idée, c’est de rendre en permanence The Bad Plus imprévisible et indéfinissable. » Mission accomplie.

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