2017 M05 26
Le troisième « Egg Tooth » d’Ephemerals fait l’effet d’un jacuzzi où les idées bouillonnent et les cuivres ont des vertus relaxantes. Après le premier, « Nothing Is Easy » autoproduit en 2013, les six musiciens jazz et soul basés pour la plupart à Londres se sont jetés à l’eau et n’en sont plus sortis. On a profité de leurs sets dans un club de jazz parisien pour rencontrer Hillman Mondegreen, guitariste et parolier à l’origine du groupe, James Graham au clavier et Wolfgang Valbrun. Ce dernier, habité sur scène, nous rejoint avec un peu de retard et a une très bonne excuse : il sort juste du bain, véridique.
Qu’aviez vous en tête en entrant en studio pour l’album « Egg Tooth » ?
Wolf : C’était un peu l’album de la renaissance, les premiers étaient plus sombres, en particulier le deuxième qui parlait beaucoup de la mort.
Hillman : Chaque album est un concept, car autrement j’écrirais sur le mobilier. Ce premier album était sur la vie, plus l’autre sur la mort, on l’avait tué ce gars alors il fallait le faire revenir. L’egg tooth, c’est cette petite dent qu’ont les oiseaux à la naissance et qui leur permet de briser la coquille. Je me suis dit que ce serait intéressant qu’on s’en serve pour sortir à notre façon de notre œuf et découvrir un nouveau monde. D’ailleurs, sur la pochette de l’album, c’est un homme qui s’apprête à plonger et quitter le monde humain pour aller dans l’inconnu.
Vous savez qu’en français egg tooth se dit diamant ?
Tous : Ouah, c’est hyper cool !
Wolf : Ce moment où il faut briser son œuf, on passe tous par là. Car dans la vie, on a toujours des options à un moment où on nous oriente pour être une certaine personne mais où on a envie d’en être une autre. Il y a un moment où il faut sauter de la falaise si tu veux pouvoir voler. C’est l’image de cet album.
« Je ne suis pas là pour être cool. »
Comment avez-vous envisagé cette résurrection musicalement ?
Hillman : Les premières et dernières chansons de l’album s’appellent Repeat All. Donc il faut mettre repeat all en l’écoutant sur son téléphone.
Y-a-t-il de la place pour l’improvisation pour le reste du groupe ?
James : Je ne serais pas dans ce groupe s’il n’y avait pas cette place pour notre propre créativité.
Wolf : En studio c’est un peu comme si Nick [le petit nom d’Hillman, ndlr] accrochait la peinture d’un bâtiment au mur, comme un architecte. Il voit le plan large puis il fait appel aux artisans, le plombier, l’électricien, etc. Que ce soit la section de cuivre ou moi, chacun a des notes à jouer mais les exprime de façon personnelle.
Si Ephemerals devait ne pas durer, qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de vous ?
Wolf : L’amour, qui manque dans ce monde selon moi. Ce monde manque de sens aussi, on vit dans un monde d’inconstance qui manque de profondeur. Moi je ne suis pas là pour être cool, ce n’est pas le but, je veux exprimer des émotions qui résonneront chez l’autre et le feront peut-être sourire. Ce moment est éphémère aussi, après un concert, c’est comme un flash dans la nuit.