Quincy Jones, l'homme qui réinventa Michael Jackson

  • À l’occasion des trente ans de « Bad », retour sur le parcours de celui qui a permis à Michael Jackson de devenir ce qu’il est : Quincy Jones. Un de ces producteurs obsédés uniquement par une chose : la recherche du tube.

    Un single, sinon rien. Quincy Jones a toujours été un homme à tubes. Qu’importe les styles : au sein du jazz dans les années 1950, aux côtés de Ray Charles à la fin de cette même décennie, avec ses différentes B.O. dans les années 1960 et 1970, dans l’humanitaire avec We Are The World en 1985 et en tant qu’arrangeur (Frank Sinatra, Peggy Lee, Ella Fitzgerald) tout au long de sa carrière. Mais son plus beau fait d’arme, si ce n’est celui d’avoir été le premier noir à être nommé vice-président d’une major (Mercury), reste encore d’avoir produit trois disques pour Michael Jackson. Et pas n’importe lesquels : « Off the Wall », « Thriller » et « Bad », sorti il y a trente ans, le 31 août 1987.

    Un cocktail parfait. Il semble d’ailleurs que ce soit ce puissant désir de tubes, débarrassés d’ambitions expérimentales et augmentés d’une exigence rare en terme de production, qui a tant séduit le King Of Pop. Le public aussi (« Thriller », 66 millions d’albums vendus ; « Bad », 46 millions), qui découvre alors un Michael Jackson plus hybride que jamais. Ce n’est ni de la soul, ni du rock ou de la pop, mais un étonnant mélange de tout ça à la fois.

    « À l’époque où je travaillais avec Michael, j’avais déjà fait toutes les erreurs possibles. »

    Drogué de l’orchestration. À l’occasion, on entend même des inclinaisons metal, hip-hop et R’n’B (sans doute encouragées par l’importance croissante au sein de la pop music mondiale de Teddy Riley qui finit par produire « Dangerous » en 1991), et c’est là toute l’intelligence du duo Jackson/Jones : avoir su capter les tendances de l’époque, se les approprier et les reformuler sous une forme singulière, permettant aux différents albums de Bambi de paraître toujours aussi modernes en 2017.

    Dans une interview à Rolling Stone, Quincy Jones, ce « drogué de l’orchestration » qui fumait « 180 cigarettes par jour pendant l’enregistrement de « Bad »« , met cette science du son sur le compte de l’expérience : « À l’époque où je travaillais avec Michael, j’avais déjà fait toutes les erreurs possibles. J’avais 50 ans quand j’ai réalisé « Thriller », seulement 29 quand je travaillais avec Sinatra. » C’est sans doute l’expérience qui le poussera également au début des années 2000 à refuser l’appel du pied d’un Michael Jackson alors dans le creux de la vague…

    L’amour dure trois albums. Un mal pour un bien, sans doute, tant il aurait été dommage d’égratigner le travail réalisé précédemment. On parle quand même d’un producteur qui a totalement réinventé Michael Jackson à partir de 1979, d’un homme qui lui a arrangé des tubes tels que Beat It ou Billie Jean, d’un artiste qui, même lorsqu’il s’est montré plus dur et agressif (notamment sur « Bad » où il impose ses idées et ses artistes, Stevie Wonder et Siedah Garrett), a toujours cherché à faire de MJ une icône pop, une star capable d’incarner son époque et les suivantes. Mission accomplie.

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