2017 M09 1
James Murphy y donne de la voix. Oubliez tous ces morceaux où, autrefois, le leader de LCD Soundystem se contentait de parler ou de scander. James Murphy a vieilli, a gagné en assurance et assume désormais sa voix. D’Oh Baby à Black Screen, on l’entend ainsi chanter, se lancer dans des aigus sur I Used To et se la jouer crooner sur How Do You Sleep? À croire que ça a du bon d’avoir 47 ans.
Il y a de quoi remplir un nouveau Madison Square Garden. En 2011, James Murphy craint de ne pas pouvoir remplir le Madison Square Garden et donc de sérieusement s’afficher auprès de son public, des organisateurs et des médias. Histoire d’assurer le coup, l’Américain décide alors d’annoncer la fin de LCD Soundystem. Une réussite : les Américains font salle comble deux soirs de suite, un DVD accompagne cette présumée retraite et un culte se crée autour de James Murphy et sa bande. En dix morceaux, « American Dream » entretient aujourd’hui brillamment cette ferveur avec une flopée de tubes fidèles à l’esthétique du groupe. Soit des ritournelles synthétiques, des guitares clinquantes, des percussions luxuriantes et des refrains aptes à exciter les foules.
James Murphy y cite ses héros. Dès les premières secondes de Tonite, James Murphy le confesse : il n’avait jamais réalisé à quel point ses artistes préférés évoquaient régulièrement la mort dans leurs morceaux. Ça fait référence à ses héros, plus obsédés par la grande faucheuse qu’il n’y paraît : Talking Heads, Brian Eno, Martin Rev, etc. Mais aussi à David Bowie, avec qui il a brièvement collaboré et à qui il rend hommage sur l’ultime Black Screen : « Tu n’as pas pu venir à notre mariage / Trop malade pour voyager / Tu étais entre l’ami et le père (…) J’ai gardé la trace de tes e-mails, conservés ensemble / Je les relis parfois pour me souvenir. »
James Murphy se fout des nouvelles tendances. Le New-yorkais le répète un peu partout en interview : il ne cherche pas particulièrement à composer le son d’une époque et avoue être complètement largué par le nombre impressionnant de disques publiés chaque semaine. Ça tombe bien, cette méconnaissance des tendances à suivre, c’est précisément ce qui fait la force de cet « American Dream », plus mélancolique et désenchanté que par le passé, mais toujours autant porté par un disco-funk à faire pogoter les plus réfractaires.
LCD Soundystem reste toujours un cran au-dessus. « Je suis en train de perdre mon avantage sur des gamins qui viennent de derrière. » Voilà, en gros, ce que chantait James Murphy en 2002 sur Losing My Edge. Quinze ans plus tard, l’Américain est toujours là et, s’il n’est plus positionné à l’avant-garde (les rappeurs sont passés par là), il a toujours pas mal de leçons à donner aux jeunes adeptes de la pop. Notamment sur cette science du rythme, qu’on retrouve à chaque instant sur « American Dream », à écouter dans son intégralité ci-dessous.