2017 M09 4
Plus fort que Migos. Lil Uzi Vert ne fait pas dans la demi-mesure : plutôt que de simplement placer son premier album au sommet des charts américains, le rappeur de Philadelphie a également fait de son « Luv Is Rage 2 » le troisième album le plus streamé aux États-Unis en 2017, juste derrière « Damn » de Kendrick Lamar et « More Life » de Drake. Soit l’équivalent de 140 000 unités en une semaine, ce qui le place loin devant Gucci Mane, Migos ou même Young Thug, avec qui il collabore régulièrement.
Les passions de Lil Uzi Vert sont très simples : l’Auto-Tune, la drogue et la jouissance immédiate.
Première « Trap rockstar » de l’Humanité. Au-delà des chiffres, « Luv Is Rage 2 » confirme surtout tout le génie de son auteur. Celui d’un rappeur qui manie l’argot mieux que personne actuellement, d’un artiste prêt à faire l’apologie du consumérisme, d’un jeune garçon biberonné au hip-hop — sa grand-mère possédait les disques de Bow Wow —, mais qui se fiche royalement de Nas, du Wu-Tang ou d’A Tribe Called Quest. À dire vrai, les passions de Lil Uzi Vert son très simples : l’Auto-Tune, la drogue, les filles faciles. Dès lors, son medium d’expression devient un rap vocodé, des textes qui prônent la défonce et la jouissance immédiate, souvent dans des positions inédites, en s’inspirant même des jeux 8-Bits d’une époque dont il n’a rien connu.
Bon, le MC est également obsédé par les sons de Wiz Khalifa et c’est audible sur presque chaque morceau de ce premier album qui devrait faire de Symere Woods (son vrai nom) la première « Trap Rap Rockstar » au monde. Ça tombe bien : Lil Uzy est un ancien fan de Marilyn Manson et de My Chemical Romance.
Nouvelle école. C’est dire si Lil Uzy Vert (dont l’arrivée dans le rap en 2014 doit beaucoup à son amour du biff) a très vite refusé de s’enfermer dans une esthétique prédéfinie. La variété des titres présents sur « Luv Is Rage 2 » est en cela un cas d’école : qu’il rappe, qu’il chante, qu’il parle ou qu’il pose aux côtés de Pharrell et The Weeknd, le MC se permet absolument tout. Comme à son habitude, il se joue également des différents codes du hip-hop pour mieux les recracher selon une formule singulière, sertie de gimmicks marquants, de punchlines grossières et d’idées mélodiques qui attisent plus que jamais les clics. Attention, le chaos, lui aussi, est en marche.