Est-il temps de dire adieu à Spotify ?

En annonçant la fin de son soutien aux Francofolies et au Printemps de Bourges, Spotify confirme son profond désaccord avec la taxe streaming, récemment mise en place. Au point de voir la plateforme suédoise déserter peu à peu le territoire français à compter de 2024 ? Le scénario n'a rien d'une dystopie.
  • Spotify se croit-il tout permis ? Il faut croire que oui. En octobre, la plateforme menaçait ainsi l'état uruguayen de cesser ses services dès février 2024 si le parlement maintenait sa volonté d'imposer un « droit à une rémunération juste et équitable » pour les artistes et les ayants droit.

    Un mois plus tard, à peine, la société suédoise confirmait cette politique de la tolérance zéro en annonçant vouloir démonétiser cette flopée de morceaux qui rapportent moins de 5 cents par mois. Rares étant les chansons dépassant les 1000 écoutes par an, il s’agit en fin de compte ici de sacrifier la grande majorité des titres présents au sein du catalogue de Spotify.

    À la manière d'Élisabeth Borne et de son 49.3, la plateforme continue toutefois de prendre des décisions qui déçoivent tout le monde dès qu'un pays montre un désaccord avec son mode de fonctionnement. Quelques jours après avoir licencié 1500 personnes, Spotify vient ainsi d'annoncer ne plus vouloir soutenir en 2024 des festivals comme le Printemps de Bourges ou les Francofolies de la Rochelle, à la fois « financièrement et par le biais d’activations sur le terrain en faveur d’artistes émergents (le Chantier des Francofolies et les iNOUïs du Printemps de Bourges) ». Pas une mince décision quand on sait que l’investissement dans ces deux manifestations se comptait jusqu'alors en centaines de milliers d’euros.

    La raison d’un tel boycott ? Spotify n’aurait tout simplement pas apprécié la récente mise en place d’une taxe sur le streaming pensée pour financer le Centre national de la musique (CNM), et ainsi obliger les plateformes à contribuer aux aides à la création censées favoriser la diversité musicale en France. 

    Si les équipes des différents festivals n’ont pas souhaité s’exprimer pour le moment, Antoine Monin, le directeur général de Spotify France, s'est lui fait plus loquace. Le 14 décembre dernier, sur France Infos, il avait même annoncé que la « France ne sera plus une priorité pour Spotify », et qu’il fallait s’attendre à ce que la plateforme se désintéresse peu à peu du territoire.

    Au Monde, quelques jours plus tard, Antoine Monin se voulait toutefois plus mesuré : « Il ne s’agit ni de mesures de rétorsion ni de pression sur le gouvernement – ce qui serait inutile puisque le projet de loi de finances qui a instauré cette nouvelle taxe de 1,2 % sur le chiffre d’affaires réalisé en France des plates-formes de streaming musical a été voté ». À l'entendre, il s'agirait avant tout « d’une décision purement économique, avec l'obligation de revoir certains investissements ».

    Et si, en fin de compte, Spotify n’était pas en si bonne santé que ça ? La question se pose et prend toujours plus d’épaisseur à chaque décision prise ces derniers mois.
     

    Plus largement, on pourrait même se demander si la société suédoise aime réellement la musique ou si cette dernière n’est finalement pour elle qu’un marché à investir, comme d’autres misent sur l’immobilier ou le prêt-à-porter. Vaste débat et vives contradictions…. Pour l'heure, Spotify précise simplement que « d’autres annonces suivront en 2024 ». On craint déjà pour nos futures playlists d’été.

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