Comment NTM a samplé la soul américaine

  • Alors que les NTM enchaîne trois concerts d’affilée à l’AccorHotels Arena de Paris, il est toujours bon de se replonger dans leurs classiques. Mais qui dit classiques, dit samples. La compilation « Samples Outta 93 », tout juste sortie, se penche justement sur les origines soul de ces succès.

    Le sample fait partie de l’ADN du hip-hop. Et le rap français ne déroge pas à la règle. Le label Playoff Records le sait, et édite une compile « Samples Outta 93 » répertoriant quatorze titres pillés par les producteurs de NTM. De 1991 à 1998, nous en avons retenu quatre.

    Le Monde de Demain (1991) : « T » Stands For Trouble (1972), de Marvin Gaye

    Marvin Gaye, considéré par beaucoup comme le plus grand soulman de l’histoire, a été littéralement pillé par les beatmakers hip-hop, et ce depuis les années 1980. Notamment sa bande originale du film « Trouble Man » (1972). Ici, le producteur DJ Concepteur s’attaque au titre « T » Stands For Trouble. A la 43e seconde, il emprunte la petite mélodie de flûte traversière, la batterie discrète, puis les deux coups de grosse caisse et de piano en simultané. La boucle est simple, efficace, et elle donnera Le Monde de demain, un titre classique du premier album de NTM, « Authentik ».

    J’Appuie sur la gâchette (1993) : Love Serenade (1975), de Barry White

    En parlant de titre classique, en voilà un autre : J’Appuie sur la gâchette, sorti en 1993 sur l’album du même nom. Dès les premières secondes, on entend une guitare en continu, une autre en contre-temps, et des nappes de cordes. Tout ce matériel est en fait issu d’un titre de 1975 de Barry White, Love Serenade. C’est à partir de 1993 que le son de NTM change, notamment au niveau des batteries, s’alourdit et devient moins effréné.

    La Fièvre (1995) : My Lady (1979), de The Crusaders

    C’est ce qu’on appelle un simple grillé. Le titre My Lady, de The Crusaders, est un classique, tube soul de la fin des années 1970. Les NTM en ont repris le thème principal, en ont bouclé une mesure, ont mixé le tout avec une batterie typique de leur son, et en ont fait ce morceau très story-telling, La Fièvre. Petit détail technique, mais qui fait tout l’intérêt du morceau : sur les couplets, le sample est passé dans un filtre passe-bas. En français, cela veut dire que le beatmaker n’en a gardé que les fréquences basses, ce qui donne un effet assourdi, comme si le son venait de l’appartement de votre voisin.

    Pose ton gun (1998) : And I Love Her (1972), de Bobby Womack

    Voici ce qui est certainement le sample le plus fameux de la carrière de NTM. Sur leur album « Suprême », en 1998, le producteur Willie Gunz est allé se servir chez le chanteur et guitariste Bobby Womack, qui reprend en 1972 un tube de The Beatles, And I Love Her. Au début de cette reprise, des cordes massives, une basse lourde, et un riff de guitare. Puis, la voix de Womack retentit, comme une complainte chantant « Oh Lord ! ». Le sample est servi sur un plateau, et le beatmaker le met en boucle pour en faire Pose ton gun.

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