2022 M12 8
Roudoudou – Peace and Tranquility to Earth
S’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait celui-là. Ce morceau du DJ français qui sample le groupe de garage rock Harbinger Complex (My Dear and Kind Sir) est l’hymne du documentaire. Il suffit pour s’en convaincre de faire un tour dans la section commentaires des clips du titre sur YouTube…
Et pour cause : Peace and Tranquility to Earth est le premier morceau qu’on entend dans le film, dans la scène d’ouverture où les joueurs font un jogging dans la forêt en racontant des blagues à la caméra. On le retrouve un peu plus tard dans un montage sur la vie de groupe de l’équipe entre deux matchs, et il n’y a en effet rien de tel pour s’apaiser et se tranquilliser l’esprit.
Massive Attack – Teardrop
Les premiers frissons du documentaire sont là. La France joue son match d'ouverture du tournoi contre l’Afrique du Sud, et ça commence mal : l’attaquant Stéphane Guivarc’h se blesse et est remplacé par Christophe Dugarry, qui est pris en grippe par le Vélodrome de Marseille.
La musique angoissante de Massive Attack accompagne ces moments de tension, avant la libération : Dugarry marque le premier but et fait la nique aux supporters, avant que Djorkaeff (bien aidé par Pierre Issa, le défenseur sud-africain) et Henry ne parachèvent le score (3-0).
Et quitte à payer pour un tube de Massive Attack, autant l'employer deux fois : on réentend Teardrop au moment de la séance étouffante de tirs au but contre l’Italie en quarts de finale.
NTM – That’s My People & Seine Saint-Denis
Seul dans sa chambre, Lilian Thuram met le CD de l’album Suprême NTM (1998) dans sa minichaîne et répond en toute décontraction aux questions de Stéphane Meunier sur l’équipe pendant que Kool Shen et Joeystarr envoient deux des plus grands classiques de l’histoire du rap français. Mythique.
Madonna – Ray of Light
Cet énorme single du septième album (1998) de Madonna accompagne les Bleus pour leur deuxième match de la compétition, contre l’Arabie Saoudite. 4-0 pour la France, mais Zidane est expulsé après une vilaine semelle.
Peu importe, car on profite de ce passage enivrant où les buts de Thierry Henry sont passés au ralenti et sous tous les angles au son d’un morceau épique : la France est qualifiée.
Air – Kelly Watch the Stars
Un modèle de synchronisation musique/image. Après avoir échoué pendant tout le huitième de finale à tromper le grand gardien paraguayen José Luis Chilavert, en état de grâce et qui semble attendre les tirs au but, la France finit par se qualifier grâce à Laurent Blanc, qui marque le but en or lors des prolongations.
Une délivrance et le moment du décollage de l’équipe dans le tournoi, symbolisé par les notes du morceau space pop de Air, issu de l’album "Moon Safari" (1998), qui accompagne aussi merveilleusement la détresse inconsolable des valeureux Paraguayens. Le football est cruel, mais que la musique est belle.
Michel Polnareff – On ira tous au paradis
Réputé timide et discret, notre Zinédine Zidane national se lâche pas mal dans ce documentaire, notamment dans une scène célèbre où on le voit chanter et tenter d’atteindre les notes aigues d’un autre héros national en claquant des doigts dans sa chambre, juste avant de revenir de sa suspension après son carton rouge. Zidane X Polnareff, c’est le duo de rêve de la France qui brille par son talent.
Mozart – Symphonie n°25 en sol mineur
Emmanuel Petit apparaît un peu comme un joueur à part dans ce documentaire. Outre cette longue scène où il se coiffe torse nu devant le miroir, presque tout le monde se souvient de ce moment où il écoute du classique seul sur la chaîne du salon, en semblant réfléchir au sens de la vie.
Medley Massive Attack – Black Milk / The Edwin Hawkins Singers – Oh Happy Day
Incontestablement le meilleur moment du film, et celui où la musique joue le plus grand rôle. C’est la demi-finale contre la Croatie : la France est empruntée puis menée par son adversaire, ce qui donne un discours incroyable de Jacquet à la mi-temps. Toutes ces difficultés sont accompagnées par le Black Milk sombre et stressant de Massive Attack.
La France n’a jamais été aussi proche de l’élimination, et puis petit à petit, la musique fait la transition vers le gospel de Oh Happy Day, pour signifier l’arrivée des deux éclairs improbables de Lilian Thuram, qui marque les deux seuls buts de sa carrière avec la sélection pour qualifier l’équipe en finale. Là, normalement, quiconque a grandi avec ce film pleure de joie, même 24 ans après.
Miles Davis – So What
Comme s’il n’avait pas déjà assez de classe, Lilian Thuram s’offre une deuxième séquence musicale dans sa chambre en mettant le CD du "Kind of Blue" de Miles Davis dans la chaîne.
Philip Glass – Serra Pelada
Le titre composé par Glass pour la bande-originale du film Powaqqatsi (Godfrey Reggio, 1988) accompagne l’apothéose du parcours des Bleus en 1998, soit la finale contre le Brésil. Un choix compréhensible puisque le titre en question et le film de Reggio font référence à la mine brésilienne de Serra Pelada.
Mais dans Les Yeux dans les Bleus, ce morceau au rythme exaltant fait surtout magnifiquement comprendre le sentiment de liesse populaire qui se levait en France à l’époque de la finale.
On l’entend alors que le car de l’équipe tente de se frayer un chemin en forme de procession à travers une foule en délire pour rejoindre le Stade de France, puis pendant ce match marqué par les deux buts de la tête de Zidane.
Goran Bregović – Old Home Movie
Emmanuel Petit marque le troisième but de la finale, la France est championne du monde et la mélodie délicate de ce morceau de la bande-originale d’"Arizona Dream" (Emir Kusturica, 1993) résonne doucement alors que les joueurs et la France entrent dans un état second. L’émotion suscitée par cette musique sur ces images est intense.
Gloria Gaynor – I Will Survive
Pour conclure le film, il ne manque plus que l’hymne officieux des champions du monde 98, que l’on entend les joueurs chanter après quasiment chaque victoire dans les vestiaires, le car ou l’hôtel.
Mais à l’instant exact où Didier Deschamps soulève le trophée ultime, c’est bien la version de Gloria Gaynor qui est diffusée et se prolonge pendant le générique de fin. Quelqu’un aurait un mouchoir ?
PS : cette bande-originale est d’autant plus précieuse que lors des rediffusions du film, elle a été remplacée par d’autres morceaux (qui ne font pas du tout le même effet, cela va sans dire), probablement pour des raisons de droits. Conservez donc votre cassette VHS jalousement.