« Ray of Light » de Madonna a 20 ans et il n'a pas pris une ride (lui)

Sorti le 3 mars 1998, « Ray Of Light » reste l’un des sommets de la discographie de Madonna. Pourquoi ? La réponse juste en dessous.
  • Un album courageux. L'une des forces de Madonna a toujours été de savoir bien s'entourer : Nile Rodgers sur « Like a Virgin », Prince sur « Like a Prayer », Timbaland et les Neptunes sur « Hard Candy », et le meilleur de l'electronica anglaise sur « Ray Of Light » (William Orbit, Craig Armstrong ou Marius de Vries). Sur ce septième album, la Madone confirme ainsi que, à l'instar de Bowie, elle est une passeuse en puisant ce qu'il se fait de mieux dans l'underground pour mieux le populariser. "Vulgariser" diront certains, ce qui s’appliquerait volontiers à d’autres albums, mais pas à ce « Ray Of Light » essentiel et unique au sein de sa discographie.

    Nouvelle direction. Essentiel, car il permet à Madonna de revenir au premier plan après deux disques moins couronnés de succès que ceux des années 1980 (« Erotica » et « Bedtime Stories »). Unique, car l'Italo-américaine, mère depuis un an au moment des faits, marche alors sur les pas de Portishead, adaptant son chant parfois surjoué à des mélodies brumeuses, qui osent l'ambient, le dub, le trip-top, la techno, les arrangements de cordes et même le silence – on a rarement entendu miss Ciccone aussi apaisée que sur Mer Girl.

    Confessionnal. À entendre les premiers mots de « Ray Of Light », Madonna semble également en pleine remise en question au moment de l’enregistrement : « J'ai échangé la gloire pour l'amour/Sans hésitation/Le jeu devenait ridicule/J'avais obtenu exactement ce que je recherchais/J'en crevais d'envie/Courir, en vouloir toujours plus... ». Il faut dire qu’après avoir vendu plus de 32 millions d’exemplaires dans le monde et enchainé les tournées de plus en plus grandiloquentes, beaucoup se seraient perdus en chemin. Madonna, elle, fait le choix de l’innovation, allant même jusqu’à confier le clip de Frozen à Chris Cunningham (Aphex Twin, Björk).

    À contrepied. Alors que la Britpop est sur le déclin et que les Spice Girls dominent les charts internationaux, Madonna propose en effet un disque sophistiqué, innovant, presque entièrement réalisé aux côtés de William Orbit (qui bossera quelques mois plus tard avec Blur, Beck et les All Saints) et célébré de toutes parts : les médias américains et français le saluent (Rolling Stone et les Inrockuptibles, notamment), les Grammy Awards le récompensent à quatre reprises et les amateurs de pop music continuent aujourd’hui encore de le réécouter.