2017 M04 6
Il parle de « rock italien » lorsqu’il évoque son nouvel album, « This Old Dog ». Encore une blague de Mac DeMarco ? Peut-être, mais pas tant que ça : le Canadien délivre toujours une pop-rock lo-fi, plus douce-amère que jamais. On l’a rencontré dans la cour de son petit hôtel parisien : pas de salle de conférences ou de suite cossue pour DeMarco, qui ne peut pas vivre sans une cigarette aux lèvres. En résulte un échange à la fois chaleureux, pudique et sans détours. À son image.
Qu’est-ce qui a changé depuis le succès de « Salad Days » ?
J’ai changé plusieurs fois de ville, je suis plus vieux et beaucoup moins en forme. Normal, je fume plus. Je ne me plains pas : prendre de l’âge permet d’en savoir un peu plus sur la vie. Tu espères que les choses vont avoir plus de sens mais en fait tu navigues un peu plus dans la confusion. Et la grande notion de bonheur, qui ne faisait que m’effleurer auparavant, est devenue extrêmement importante à mes yeux. Bon, en gros, je suis devenu un homme. Ou quelque chose qui y ressemble.
Comment est né « This Old Dog » ?
J’ai pris du temps pour me concentrer sur mes amis, ma famille, mon quotidien, tout en écrivant des chansons à mon rythme. Au printemps 2016, j’étais de retour à New York. J’avais genre 12 démos, je devais enregistrer… Et puis non, je ne le sentais pas. Je suis donc reparti en tournée suite à laquelle ma copine et moi avons déménagé à Los Angeles. Une fois là-bas, le moment était venu. Enfin ! Je suis assez satisfait du temps que ça a pris, car j’ai vraiment l’impression d’avoir fouillé davantage mes compositions.
« Les enfants d’aujourd’hui ne réalisent pas comment ils ont le cerveau essoré par des marketeux scotchés derrière leurs bureaux en plexi. »
Tu t’es fait connaître aussi par tes pitreries sur Internet. Toujours d’actualité ?
Pas vraiment, je préfère éviter de me faire définitivement ranger dans la catégorie « bouffon rockeur déjanté ». Avant que le web devienne aussi barge et commercialisé, j’étais un nerd. Ne trouvant pas ma place à l’école, je me l’appropriais sur le net, c’était une vraie vie parallèle. Ce ne serait plus possible maintenant. La notion de « recommanded for you », tous ces appels publicitaires, par exemple, c’est trop intrusif. Les enfants d’aujourd’hui ne réalisent pas comment ils ont le cerveau essoré par des marketeux scotchés derrière leurs bureaux en plexi.
Et côté son ? On remarque un virage dans « This Old Dog », qui utilise plus de synthétiseurs et de boites à rythmes…
J’ai beaucoup écouté de la musique à guitare. Aujourd’hui, je préfère les musiques de film ou même celles des jeux vidéo de mon enfance. L’émotion compte beaucoup, je n’ai plus envie de la chercher derrière de gros riffs et j’aime ce qui est plus posé, serein. C’est sans doute une phase de transition, car je joue toujours autant de la guitare, mais je compte davantage explorer ses capacités acoustiques. En tout cas, je me suis calmé, y compris musicalement !
Ton dernier coup de cœur musical ?
The Garden, formé par deux gamins du comté d’Orange en Californie, les jumeaux Fletcher et Wyatt Shears. J’ai dû m’échauffer avant de rentrer dedans, c’était pas évident ! C’est une certaine incarnation du cool, dans le genre minimaliste et abrupt. Mais il y a quelque chose de très rafraîchissant dans leur musique qui me fait du bien…
This Old Dog sortira le 5 mai chez Captured Tracks, patience.