LP a gagné sa permission de briller

  • Avec son tube sifflotant "Lost On You", l'Américaine Laura Pergolizzi est passée de l'antichambre de la pop aux feux des projecteurs. Après avoir composé pour Rihanna, Cher ou Christina Aguilera, elle explose en solo à 36 ans. Et elle nous explique sa drôle de carrière.

    À quel moment t’es-tu rendu compte que tu voulais être musicienne ?

    Au départ je ne pensais pas vraiment pouvoir écrire de chansons, cela me semblait être quelque chose de mystérieux et ésotérique à faire, qui exigeait d’obtenir une permission spéciale. La première, c’était une expérience un peu toxique avec ma première petite-amie. Je ne veux pas l’offenser, mais si j’avais écrit ma première chanson avec une plante verte j’en serai tombée amoureuse de la même façon, tant ce type d’expérience est spécial. C’est quelque chose dans quoi on doit s’embarquer. On peut aller à l’école pour apprendre à composer mais c’est surtout un acte divin.

    C’est cet album qui te révèle au monde et pourtant c’est loin d’être le premier, est-ce perturbant que le public ne te découvre que tardivement ?

    J’essaie de ne pas y penser. J’ai trop conscience de l’importance des facteurs chance et du timing. Et même si le reste de mon travail a de la valeur, c’est maintenant que tout se bouscule pour moi.

    Tu as signé plusieurs tubes, d’abord pour les autres (Cher, Rihanna, Christina Aguilera). Récemment le critique John Seabrook dans son livre The Song Machine s’est penché sur les secrets de fabrication des hits, penses-tu qu’il existe des règles ?

    S’il y en avait en tout cas, j’aurais bien aimé les connaitre ! Je ne veux pas le discréditer mais je crois à un certain naturel dans la création.

    « La première fois qu’une de mes chansons à été chantée par quelqu’un d’autre, c’était par les Backstreet Boys. »

    Tu as donné beaucoup de tes chansons à d’autres interprètes, est-ce confier une part de soi ou écris-tu différemment pour les autres ?

    La première fois qu’une de mes chansons à été chantée par quelqu’un d’autre, c’était par les Backstreet Boys et j’étais ravie car j’avais une telle collection de chansons et la plupart finissait dans le néant. Récemment, je me suis mise à écrire pour les autres en les rencontrant.

    Quels sont les artistes qui t’ont marquée depuis l’enfance ?

    Pour être honnête, j’en reviens toujours aux classiques, les Beatles, les Rolling Stones, Led Zeppelin sont les piliers de ma culture musicale. J’aime aussi beaucoup Nirvana, Jeff Buckley, Drake, The Weeknd. J’ai toujours beaucoup aimé la pop, j’aime la musique qui transforme l’état dans lequel tu es en trois minutes.

    « La musique des années 1960 était très politique. Ce n’est plus vraiment le cas, mais ça va peut-être revenir. »

    Que penses-tu que la musique puisse encore apporter au monde ?

    Je pense souvent à la musique des années 1960 qui était très politique. Ce n’est plus vraiment le cas, mais ça va peut-être le redevenir. À l’époque, c’était l’explosion du rock’n’roll, la possibilité de s’exprimer librement et même sauvagement. Avant cela, la musique était plus contenue et contrôlée, on coupait même Elvis à la taille quand on le filmait. Maintenant, on s’y est habitué mais la façon dont les artistes vivent leur vie rend aussi possible un changement des mentalités.

    Tes sifflements sont devenus une sorte de signature, est-ce pour remplacer des mots ?

    J’utilise ces sifflements comme un instrument, c’est une extension de ma voix. Quand j’ai commencé à siffler sur scène il y a quatre ou cinq ans, tout le monde regardait les garçons sur scène pour trouver d’où ça venait, alors je disais : « Eh, je suis là ! » C’était drôle car le sifflement est assez masculin et peut être désagréable [elle imite le sifflement du coyote balourd dans la rue], il fallait bien que j’élève le niveau, aha !

    LP, album Lost On You (Elektra)
    En concert le 13 avril à la Salle Pleyel à Paris

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