2016 M08 29
Avant de devenir la star de la pop music la plus scrutée de la planète, Drake était un jeune homme chelou comme les autres.
Drake est le fils de personne ou presque. Aubrey Drake Graham est le fruit d’une union tumultueuse entre Sandi, une éducatrice juive et blanche de Toronto et Dennis, un batteur de rock noir originaire du Tennessee passé par la case prison pendant cinq ans. Après leur divorce, sa mère l’élève seule dans Weston Road, un quartier pauvre de Toronto.
Drake est un fils à sa maman. S’il lui témoigne souvent son amour et sa reconnaissance dans ses textes, c’est avant tout parce que celle-ci a fait de lui un garçon équilibré dans des conditions difficiles. Bien que souffrant d’une maladie grave, elle se démène pour trouver une maison à partager dans le quartier chic de Forest Hill. L’ado Aubrey hérite de la cave. Après son premier succès planétaire, il lui paye un voyage à Rome. Aujourd’hui, il l’appelle encore « mon ange ». Qui d’autre oserait rapper : « I know I don’t call you enough » ?
Drake papillonnait au lycée. Très tôt, il étudie l’art de la comédie (comme Tupac, tiens, tiens) mais n’obtient pas son diplôme. Il passe d’un lycée chic à un établissement plus dur dont il n’obtiendra le diplôme de fin d’étude qu’en 2012, avec l’aide d’un prof particulier. Il a bien changé puisque l’ex top-modèle Tyra Banks assiste à la fête donnée à cette occasion.
À quinze ans, Drake a un agent et joue dans une série télé. Grand, malin, avec un sourire de pub pour dentifrice, il se fait repérer dans son cours de comédie par un agent qui lui dégote un rôle dans la série pour ados Degrassi : the Next Generation. Pendant six ans et 145 épisodes, il joue le rôle d’un adolescent de bonne famille ex-star de basket du lycée paralysé et se déplaçant en fauteuil roulant. Pas de quoi se la raconter non plus, l’émission est l’équivalent d’Hélène et les garçons au Canada et tant qu’il est mineur, son salaire d’acteur est indexé sur celui d’un professeur.
Drake s’est toujours pris des râteaux. Charmeur mais disposant d’un physique, disons pas glamour, Aubrey tente sa chance et se ramasse beaucoup, dès son plus jeune âge. Devenu une star, il confesse ne plus recevoir de réponses lorsqu’il contacte ses premiers crushs. « On t’a plus vu pendant tellement longtemps, elles ont refait leur vie », lui a expliqué une amie. Aujourd’hui encore, sa mère essaie de le caser avec des filles qu’elle rencontre.
Drake osait, ose et osera. Dès ses débuts, il montre qu’il n’a pas de surmoi. Dans son école d’art, il réalise et se met en scène dans un spot TV pour une campagne anti-homophobie où il joue le rôle d’une victime. Dans ses interviews, il répète régulièrement : « I’m never embarassed, man. » Malgré un succès instantané dans le rap, il reste trois ans indépendant à publier des mixtapes avant de signer avec un label. Dans ses clips, il montre qu’il danse mal ou se met en scène en vendeur de supermarché. À la ville, il arbore souvent des tenues au goût douteux. Le net se moque de lui en permanence – comme lorsqu’il raccompagne Nicki Minaj dans sa Bugatti Veyron Sang Noir Edition qu’il n’arrive pas à démarrer – mais il s’en moque et en rajoute.
Drake, c’est Droopy. C’est une constante dans sa vie et sa carrière, il n’est jamais vraiment à sa place. Il fait des études de comédie et devient une star de la chanson, il est canadien, il incarne l’emblème de sa ville natale, Toronto, désormais surnommée « The 6 » d’après ses chansons, mais vit à Los Angeles, c’est un rappeur mais il passe son temps à chanter, il roule en Bentley mais regrette sa Chevrolet Malibu, métisse, on lui reproche au choix, d’être trop blanc ou trop noir… Et comme Droopy, il n’est jamais plus attachant que lorsqu’il se plaint.