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La grande histoire du rock’n’roll tient parfois à peu de choses. En août 1975, un ami de Malcolm McLaren (futur manager des Sex Pistols) croise un gamin paumé sur King’s Road avec des cheveux verts et vêtu d’un T-Shirt fait maison sur lequel on peut lire un rageur : « JE HAIS PINK FLOYD ». Il n’en faut pas plus pour le convoquer quelques heures plus tard dans un pub de Londres ; le gamin en question (John Lydon) ne sait pas encore qu’il va devenir le chanteur des Sex Pistols.
Après ce recrutement éclair digne des meilleures formations de boys band, le groupe qui doit son nom à McLaren (« Je voulais créer un groupe qui ait l’air mauvais et dangereux et le pistolet était le symbole parfait pour ça. ») commence à répéter ses esquisses de chansons anti-hippies. John Lydon devient Johnny Rotten, en raison de sa dentition pourrie (encore une idée de McLaren, le Lagerfeld des caniveaux).
Le 6 novembre 1975, c’est finalement le grand soir. Les Sex Pistols donnent leur premier concert au Saint Martins College devant quelques dizaines de personnes, en première partie du groupe Bazooka Joe. Les témoins parlent d’une prestation peu mémorable et de quelques reprises brouillonnes des Who, des Small Faces et des Monkees. Aucune image d’archive n’existe à ce jour, mais la légende raconte que la soirée se termina en baston générale. Le punk était né, et avec lui une génération de musiciens cloutés pour qui concert rime avec cocards et bouteilles de bières cassées.
La suite est connue : le bassiste Glen Matlock se fait débarquer en février 1977 « parce qu’il aime trop McCartney et les Beatles », l’analphabète Sid Vicious le remplace au pied levé (ça tombe bien : il joue comme un pied levé) et les Pistols choquent l’Angleterre avec la sortie du titre God Save The Queen la même semaine que le jubilé d’argent de la Reine Elizabeth II. Mais, ce que ne dit pas l’histoire, c’est si le I’m a slave 4 you de Britney, sorti lui aussi un 6 novembre, était un clin d’œil caché aux colliers de chien SM de Sid Vicious. Nevermind.